TEST
WWE 2K24
Développeur / Editeur : Visual Concepts 2K Games
S’il y a bien un genre du jeu de combat qui est souvent le grand oublié des conversations, c’est celui du catch. Quand on parle de jeux de baston, on pense tout de suite à Street Fighter, Tekken, Soulcalibur, Fatal Fury, Mortal Kombat ou encore Super Smash Bros. Mais rarement aux jeux de catch. Et pourtant, ce WWE 2K24 a bel et bien sa place.
Then, Now, Forever, Together
Depuis son changement de crémerie en 2012, la licence WWE étant passée à l'époque de THQ à 2K Games, on retrouve cette série de jeux de catch sous le nom WWE 2K. Et on verra plus tard que cela a son importance, puisqu’on retrouve aussi au développement un certain Visual Concepts, studio spécialisé dans les jeux de sports et plus particulièrement le basket avec la série à succès, NBA 2K. Un studio qui fait généralement très bien les choses, mais n’aime pas vraiment le changement et surtout, qui ne sort pas du cahier des charges.Pour celles et ceux qui ne connaissent pas bien ce qu’est la WWE, il s’agit de l’acronyme de la World Wrestling Entertainment, une très grosse boite américaine organisant tous les événements liés au catch américain, avec un marché mondial réunissant plus de 15 millions de téléspectateurs par semaine et une diffusion dans 145 pays (merci Wikipedia). Concrètement, c’est sensiblement l’équivalent de la FIFA pour le football, ou de la NBA pour le basketball aux USA, mais avec des mecs en slip et des meufs qui sautent de la 3ème corde avec des tenues super colorées.
Il faut aussi savoir que cette édition WWE 2K24 est assez importante pour tous les fans de catch, puisqu’elle signe les 40 ans de WrestleMania, un événement organisé par la WWE. Dans les grandes lignes, il s’agit d'un des plus grands spectacles de catch au monde (avec le Royal Rumble, SummerSlam et les Survivor Series, tous organisés par la WWE), une sorte de grande finale avec tout un tas de rebondissements pour assurer le show et les différents titres aux sportifs. Autant dire de suite qu’il s’agit d’un énorme délire à l’américaine et c’est d’ailleurs probablement par cet événement que le grand public connaît le catch (je me compte dedans). Personnellement, j’ai connu Hulk Hogan, l’Undertaker, Bret Hart, Shawn Michaels ou encore The Rock, avec le WrestleMania.
Au passage, WrestleMania XL a eu lieu les 6 et 7 avril 2024 au Lincoln Financial Field, un stade de football américain situé à Philadelphie, avec un énorme match opposant Cody Rhodes (le blond de la jaquette du jeu) et Roman Reigns, pour le titre d'Undisputed WWE Universal Championship. Pour vous donner une idée de la chose, ces deux jours ont réuni 72,543 spectateurs le 6 avril et 72,755 pour le 7 avril.
Leg drop de modes
Je vais être honnête : le dernier jeu de catch auquel j’ai vraiment beaucoup joué, c’était WWF Super Wrestlemania sur Super Nintendo. Ça commence à dater un peu et à l’époque, j’étais pas bien vieux. Sinon, j’ai évidemment touché un peu aux WWE 2K chez des potes, mais pas plus que ça, donc je vais éviter les comparaisons avec les précédents épisodes. Mais aussi surprenant que cela puisse l’être, je me suis retrouvé en terrain connu avec ce WWE 2K24. Probablement grâce aux NBA 2K. Et c'est tout à fait normal, puisque Visual Concepts étant aux manettes, on retrouve exactement le même type d’interface et d’ailleurs, quasiment les mêmes modes de jeu.En premier lieu, il y a le fameux MyFaction, sorte de jeu de cartes à collectionner, permettant ensuite de faire de vrais matchs. Concrètement, c’est le copier/coller de ce que l’on retrouve dans d’autres jeux de sports de chez 2K ou encore le mode Ultimate Team dans EA Sports FC. Ici, le but est de constituer une équipe pour ensuite se bagarrer, gagner des points d’expérience et tout le tralala. Il y a des événements quasi tous les jours, donc faut s’y connecter, engranger des points d’expérience, gagner des cartes et surtout, tenter d'acquérir un peu de monnaie virtuelle (VC). Il s’agit clairement de la partie “cash machine” du jeu, puisqu’il est ensuite possible de passer la caisse avec de la vraie monnaie réelle pour s’offrir des VC, afin d’acheter des paquets de cartes dans le marché intégré au jeu. Bref, clairement pas mon délire, j’évite ces modes comme la peste, que ce soit ici ou dans NBA 2K. C’est dommage parce que le principe est chouette, mais les mécaniques forçant beaucoup trop à sortir quelques euros me sortent totalement du jeu.
Sinon, on retrouve évidemment un mode Exhibition, qui pourrait se traduire par : on fait la bagarre tout de suite. Il s’agit du mode le plus simple dans lequel il est possible de paramétrer tout un tas de choses. Que ce soit le type de match (1 Vs 1, 8 Superstars, Royal Rumble, etc.), les règles avec des délires comme le fait de mettre l’adversaire dans un cercueil ou une ambulance, son arène, etc. Du classique mais de l'efficace si on a envie de se faire une soirée tranquille avec les copains et copines à se taper virtuellement.
Mais si on est du genre à vouloir vivre l’expérience jusqu’au bout, il faudra plonger dans le mode Univers. Ici, il est question de se lancer dans une sorte de mode histoire, partant de rien jusqu’à la gloire et quelques titres de champions. Ce mode nous propose deux voies possibles. Si on a pas envie de s'embêter, on peut directement passer par le choix d’une superstar, et le scénario se déroulera tout seul, nous proposant des matchs à jouer pour avancer dans notre saison. Sinon, il est possible de partir dans le mode classique, sorte de gros bac à sable. Il faudra choisir sa fédération, entre Raw, SmackDown, ou alors NXT (il s’agit de sous-branches, des sortes de ligues), mais il est aussi possible de modifier les rivalités entre les catcheurs, des options pour altérer le déroulement des matchs dans lesquels on ne joue pas, etc. C’est vraiment très complet, peut-être même trop pour un novice. Personnellement, j’avoue avoir été totalement perdu. Pour autant, je trouve ça vraiment pas mal, limite le meilleur mode du jeu, mais il faut vraiment s’y plonger à fond.
On arrive au mode Showcase qui, lui, retrace les évènements marquants des différents WrestleMania. Et il s’en est passé des trucs en 40 ans ! C’est un mode un peu plus historique, avec des vidéos d’époques, des photos et pas mal de descriptions. Franchement, quand on souhaite en savoir un peu plus sur cette ligue, c’est le top ! Même si parfois un peu frustrant puisqu’il faut évidemment gagner des matchs, mais sous certaines conditions pour voir la suite. Et ça, c’est loin d’être simple puisque ces exigences suivent exactement les événements passés. Si The Ultimate Warrior a gagné un match contre Hulk Hogan après un Warrior Splash, et bien il faudra faire de même pour gagner le combat dans le jeu. Donc pas si évident, surtout quand on débute.
Ensuite, on peut passer au mode Mon Ascension, que l’on pourrait voir comme un mode carrière personnalisée avec au choix, deux options : My Rise Unleashed (une catcheuse) et My Rise Undisputed (un catcheur). Evidemment, tout est là aussi scénarisé, mais avec des personnages totalement fictifs. Par exemple, dans Unleashed, il est question d’incarner une jeune catcheuse qui devra se bastonner et gravir les échelons du circuit indépendant, pour ensuite atteindre le sommet. Dans Undisputed, on prendra possession d’un catcheur de seconde zone qui devra lui aussi franchir tout un tas d’étapes dans sa carrière et tenter de récupérer le titre de Roman Reigns, partant en retraite. L’idée étant de se créer un personnage de A à Z, partant de son physique, son look, jusqu'à son style de combat, son entrée sur le ring, etc., et d’enchaîner les matchs. C’est un peu moins bien qu’un NBA 2K qui tente de pousser le scénario, mais aussi un peu moins lourdingue puisqu’on a pas une ville façon GTA du pauvre pour trouver tel ou tel PNJ.
Enfin, le dernier mode est Mon MG (pour General Manager) qui est plus axé sur la gestion de stars, un peu comme on pourrait jouer à Football Manager. C’est franchement pas mal si on aime la gestion et ça pousse un peu le délire à essayer de se forger le meilleur la meilleure équipe possible. Par contre, si on est allergique aux tableaux Excel, c'est peut-être pas le meilleur des modes.
À fond dans le communautaire
Là où ce genre de jeu m’impressionne toujours un peu, c’est sur l’aspect de la personnalisation. Ici, tout est faisable. À se demander l’intérêt d’acheter un épisode tous les ans, à part pour la technique… Si vous avez assez d’imagination et pas mal de temps, il est possible de se créer toutes sortes de choses. Allant évidemment du personnage, mais aussi en bidouillant son entrée et sa scène de victoire, sa liste de coups, les ceintures de titres, la valise MITB (Money in the Bank), les arènes, les shows, les pancartes des spectacteurs et même, très surprenant, les vidéos d’introduction puisqu’il y a une sorte de movie maker intégré.Et quand on ajoute à cela la possibilité de jouer en ligne et de partager nos créations, c’est limite le Graal pour les fans de catch. D’ailleurs, certaines personnes sont très imaginatives, puisqu’il est possible de retrouver gratuitement en téléchargement des personnages comme Deadpool ou des superstars du catch non présentes dans le jeu. Il faut par contre prendre son mal en patience, pusique les serveurs de 2K Games ne sont pas les plus rapides du monde.
Ryu est plus rapide
Jeu de catch oblige, le rythme est assez lent et la maniabilité très spéciale. Ne vous attendez pas à enchaîner les pirouettes et les coups sans aucun problème. Venant du jeu de combat plus classique, j’avoue avoir été un peu décontenancé, voire démuni dans certaines rencontres. Ce n'est pas faute d’avoir commencé par l’entraînement, le Performance Center (planqué dans les options), qui m'a appris les bases, mais qui n'a pas été suffisant pour me permettre de récolter une quelconque victoire dès le début. Concrètement, j'ai galéré et c'est là qu'ont commencées les plus longues heures de jeu pour le joueur de combat que je suis. Dans un Street Fighter, Tekken ou Smash Bros, même en étant un novice, il est possible de s’en sortir. On se prend des branlées par les copains et les copines qui savent jouer, mais on s’amuse assez rapidement, les coups sortent simplement et parfois, les victoires tombent !Là, c’est tout l’inverse. Les débuts sont poussifs pour un débutant comme moi, le Performance Center est chiant à faire, même si efficace avec un peu de concentration et qu’on passe outre son interface des années 2000. Une fois les contrôles de base plus ou moins maîtrisés, retour aux combats, aux défaites, aux victoires, on apprend petit à petit, mais vraiment, faut s’accrocher pour que cela devienne vraiment fun, surtout dans les matchs où il faut enchaîner certaines attaques spécifiques.
Ou alors ce n’est peut-être que moi parce que je débute. Peut-être que me taper des phases de QTE dans les combats ne m’enchante pas vraiment. Peut-être qu’avoir une sorte de jauge de stamina dans un jeu déjà assez lent m’ennuie un peu. Peut-être que devoir attendre 150 ans pour que mon personnage se relève après avoir pris 3 mandales, n’est pas la chose que je préfère. Mais il s’agit d’un jeu de catch. Pas de Smash Bros. Mais une fois que tout est maîtrisé, c'est cool à jouer.
You can't see me
S’il y a autre chose que l’on ne peut pas reprocher à 2K Games et Visual Concept, avec la générosité dans le contenu, c’est aussi la partie technique. Même si je suis bien moins impressionné qu’un NBA 2K (peut-être parce que je regarde la NBA très souvent, donc j'ai des automatismes ?), il faut bien avouer que WWE 2K24 propose un résultat très réussi dans la modélisation des personnages (j'ai la version PS5). Alors ok, on peut noter quelques imperfections, comme les cheveux longs qui sont vraiment dégueulasses et dignes d’un jeu de combat sur PS3, ou encore quelques animations foireuses et une caméra parfois capricieuse quand la vue est trop rapprochée, mais dans l’ensemble, c’est plutôt agréable. Même si oui, il serait probablement intéressant pour la franchise de changer de moteur et d’arrêter de sortir ses jeux sur PS4 et Xbox One pour réellement passer une étape.Notons enfin que sur les quelque 200 personnages présents dans le jeu (avec des versions alternatives pour certains, c'est juste énorme), tous n’ont eu le même soin. Evidemment, ils sont tout à fait reconnaissables et certains, comme The Rock, sont troublants de réalisme. Mais pour ce qui est des catcheurs un peu plus secondaires, ou même des catcheuses en général, le résultat n’est pas toujours saisissant.
Pas sans défaut, mais débordant de générosité avec un hommage aux 40 ans de Wrestlemania réussi, WWE 2K24 est un vrai petit bonbon pour les fans de catch. Tout est là, tout est paramétrable sans limite ou presque, le show est présent et l’ambiance est aussi chaude que dans la réalité. Il faut cependant s’accrocher un peu au début avec cette prise en main pas si facile. Mais quand c’est maîtrisé, c’est vraiment cool.