TEST
Winter Ember
par billou95,
email @billou_95
Développeur / Editeur : Blowfish Studios Sky Machine Studios
Immersive. Stealth. Action. Trois mots qui ont fait suer à grosses gouttes plus d'un studio s'étant lancé dans l'aventure, bercés par l'envie pourquoi pas d'égaler le maître en la matière Looking Glass himself. Seulement voilà, n'est pas The Dark Project qui veut. 2022 nous en a déjà montré l'exemple avec Abermore, un Thief-like procédural mort-né et qui ne sera probablement jamais réparé. Le suivant sur la liste à s'élancer dans l'arène, c'est Winter Ember. Là aussi, les intentions sont claires : un héros encapuchonné, un système de fabrication de flèches complexe et un accent porté sur l'infiltration. La fiche du jeu parle même fièrement de "jeu d'action et de furtivité immersif". Pauvres fous.
Tout ne commençait pourtant pas si mal. Le jeu est introduit par une superbe cinématique en dessin animé au look occidental qui présente le héros, Arthur Artorias. Riche héritier d'une famille influente dans l'univers fictif du jeu, steampunk évidemment, il est laissé pour mort par un mystérieux gang qui s'infiltre dans le manoir familial et décime toute la lignée. Huit ans après le massacre, Arthur est de retour en ville et il est bien décidé à se venger. Voilà le point de départ de l'histoire du jeu. Et puis la partie débute et c'est rapidement le drame.C'est bien simple, il n'a fallu qu'une petite demi-heure pour que le jeu nous présente tous ses travers. Commençons par sa vue top-down, premier frein à l'immersion. La caméra étant positionnée trop proche du joueur, il est assez difficile de bien évaluer les dangers qui nous entourent. Sans option de zoom ni capacité de détection, on est constamment en train de faire 2 pas en avant et 3 pas en arrière pour jauger la présence ou non d'ennemis dans les parages. Par contre, bizarrement, eux ne se privent pas de nous apercevoir au-delà de notre horizon... On a donc une désagréable impression de subir ce qui se passe à l'écran.
Pour ne rien arranger, deux des points forts du titre s'avèrent être handicapants dans la grande majorité des situations. D'une, le jeu mise sur un système d'angles de vue qui empêchent de voir les ennemis et PNJs qui ne sont pas directement en face de nous. Ca fait son petit effet la première fois qu'on zieute à travers le trou d'une serrure ou au coin d'un mur. Mais au quotidien, ça empêche surtout de planifier des stratégies d'infiltration/assassinat. De plus, on peut souffler sur à peu près toutes les bougies qui éclairent l'environnement. L'idée reprise à Thief est plutôt sympa même s'il semblerait que cela n'ait pas un réel impact sur notre visibilité. Surtout, encore une fois sans capacité de détection, cela rend les ennemis quasi invisibles à l'écran.
Continuons avec l'utilisation de l'arc, jamais intéressante en combat. Déjà, pour ajuster notre tir une fois bandé, ce n'est pas l'indicateur de trajectoire de la flèche qui tourne, mais la caméra, ce qui en soi est une aberration. Mais il faut aussi décocher 5 à 6 flèches pour dégommer un simple ennemi. On se rend du coup vite compte qu'elles servent plus de gadgets qu'autre chose, permettant ici de remplir certains objectifs, là de débloquer des passages dans l'environnement (accrocher une corde à une poutre, déverrouiller une échelle, etc.).
Que reste-t-il de la structure des combats ? Des assassinats furtifs et des affrontements au corps à corps, inévitables dès qu'on se fait repérer puisque les ennemis nous courent après dans tout le niveau sans nous lâcher. Et là, on est face à un vulgaire système de parade/esquive qui ne fonctionne jamais vraiment, la faute à la mollesse générale de l'ensemble et à un frame skip continuel qui nous fait rater nos actions (on y reviendra).
Winter Ember est également truffé d'incohérences : un mécanisme de couverture qui oblige à tourner le dos au mur/objet en question pour pouvoir l'activer (pardon ?), des phases de crochetage incompréhensibles (non mais vraiment les gars, comment ça marche ?! Je passe mon temps à casser mes crochets). Enfin, le héros se met à saigner dès qu'on se fait toucher, ce qui laisse des taches de sang partout derrière nous, mais qui semble aussi alerter les ennemis lorsqu'on s'apprête à leur donner un coup dans le dos (ah bon ?!?). La liste est longue, on pourrait aussi citer le peu d'endroits ou se planquer dans l'environnement. Là encore, cela aurait été utile pour préparer quelques meurtres.
On ne peut par ailleurs pas compter sur des arbres de compétences inutiles, l'impossibilité de sauvegarder quand on veut, un mapping des contrôles étrange (le même bouton pour descendre sur une corniche et se relever, pas de raccourci rapide vers les options de soin) ou encore une interface mal fichue, aux icônes peu claires, et inutilement complexe à utiliser.
Un manque de polish qu'on retrouve dans la qualité des doublages Marque Repère du héros qui singent Garrett plus qu'autre chose... Mais ce qui enfonce le clou, c'est sa technique déplorable, en tout cas dans sa version PS5. Bugs de collisions qui nous bloquent dans le décor et obligent à recharger une sauvegarde effectuée une demi-heure plus tôt, lenteur et bugs d'interface, son désynchronisé avec l'image dans les cinématiques et surtout, surtout, une fréquence d'images qui passe sous les 30 IPS à chaque mouvement et qui occasionne un frame skip atroce. Résultat : il faut marteler le bouton d'assassinat pour espérer pouvoir passer un input, idem lors des combats ce qui rend la parade parfaitement caduque. Un bilan technique juste innacceptable en 2022.
Immersive stealth action qu'ils disaient. La série noire des pseudo-héritiers de Paul Neurath continue en 2022 avec Winter Ember. Un titre qui s'arrange pour casser continuellement le peu d'immersion qu'il propose, pour offrir une furtivité toute relative et une action d'une mollesse incroyable, plombés par une technique complètement à la ramasse. Assassins, passez votre chemin.