Titan Quest
Une des (seules ?) originalités de Titan Quest provient de son univers : plutôt que de nous ressortir une énième déclinaison heroïc-fantasy, Iron Lore a préféré doter son jeu d'un background mythologique : le monde est en passe d'être envahi par les forces du Mal, et seul notre valeureux héros en devenir est en mesure de faire rempart de son petit corps. Ok, c'est super bateau, mais bon, on fait ce qu'on peut. Le jeu nous fera toutefois voir du pays, puisque si l'on débute en Grèce, on sera amené par la suite à traverser l'Egypte, Babylone, et la Chine, en génocidant au passage toute bête à poils, à plumes ou à cornes qui aurait la mauvaise idée de se dresser sur notre chemin.
Diablo 2006
Une fois la cinématique d'introduction passée, certes jolie mais qui ne nous apprend pas grand chose sur le scénario, on se retrouve à choisir un nom, une couleur de tunique et un sexe (non, pas la taille) pour notre avatar. Pas d'apparence ni de classe à définir, tout le monde commence avec le même personnage tout faible.
Ce n'est qu'une fois l'aventure réellement débutée que notre joueur va pouvoir personnaliser son avatar. À chaque meurtre d'une bestiole, ou à chaque accomplissement d'une quête, on engrange des points d'expérience permettant de faire augmenter son niveau, et par la même occasion ses compétences. Celles-ci se divisent en deux sortes : d'un côté les génériques (santé, résistance, force, intelligence et dextérité), auxquelles on pourra attribuer des points à deux d'entre elles à chaque montée de niveau, et de l'autre les classes : Chasse, Défense, Esprit, Guerre, Nature, Ruse, Tempête et Terre, derrière lesquelles se cachent les traditionnels guerrier, rogue, nécromancien ou mages divers.
Le joueur devra choisir l'une de ces classes en début d'aventure, avant de fignoler son personnage au moyen d'une deuxième dès le huitième niveau ; que vous vouliez incarner un gros barbare viril qui fonce dans le tas, que vous préfériez vous la jouer Legolas et tirer vos petites flèches toutes gaies de loin, ou encore que vous soyez amateurs d'effets pyrotechniques qui en mettent plein la vue, vous trouverez forcément une combinaison qui vous satisfera.
Une fois la classe choisie, on se retrouve face à un arbre de compétence drôlement bien fait : d'un côté, on trouve le "niveau" de la classe, à faire progresser pour débloquer les pouvoirs associés, et de l'autre les pouvoirs, qu'on pourra acquérir et ensuite améliorer. Les points de classe récupérés à chaque montée en niveau, au nombre de trois, seront donc à répartir entre le niveau et les pouvoirs ; libre à vous ensuite de choisir de priviliégier la montée de niveau de votre classe pour avoir accès plus rapidement aux pouvoirs les plus destructeurs, ou plutôt de booster les pouvoirs de base pour les rendre un peu plus couillus. Un choix cornélien qui se compliquera encore une fois la deuxième classe choisie, le nombre de points à attribuer n'augmentant pas.
Il clique à gauche, il clique à gauche, il clique à...
La jouabilité de Titan Quest est simple ; en même temps, c'est un peu le genre qui veut ça : on dirige son personnage sur la carte en cliquant avec le bouton gauche de la souris, on communique avec les NPC amicaux et on latte les ennemis avec ce même bouton gauche. Tout peut se contrôler avec la souris dans la main droite, la main gauche servant alors de repose-menton (ou l'inverse, pour nos amis montés à l'envers), mais dans un souci d'efficacité, on préfèrera garder sa main libre sur le clavier, le jeu étant richement doté en raccourcis en tous genres : C pour accéder à l'inventaire et à la fiche du personnage, ALT pour afficher les objets qui traînent par terre, Z pour switcher entre deux équipements, et j'en passe.
Le véritable plaisir du jeu reste donc de voir son personnage monter peu à peu en puissance, découvrir des équipements toujours plus efficaces, apprendre des sorts toujours plus destructeurs, afin d'en mettre plein la tronche à des adversaires toujours plus imposants. C'est bête et méchant, mais ça marche, et dans le genre addictif, on fait difficilement mieux.
Malheureusement, la progression est gâchée par un certain nombre de défauts, plus ou moins importants. D'abord, le jeu est très linéaire. Certes, Diablo 2 n'était pas non plus un modèle de liberté, mais contrairement au titre de Blizzard, les cartes de Titan Quest ne sont pas générées aléatoirement, ce qui plombe un peu l'aspect rejouabilité.
D'autre part, le challenge proposé n'est vraiment pas très élevé : les ennemis font rarement de gros dégâts, même lorsqu'ils arrivent en masse (sans parler du fait qu'ils font preuve d'une bêtise crasse doublée d'une très mauvaise vue), les potions de soins abondent et restaurent votre vie à vitesse grand V, et en cas de mort, vous serez ressucité à la dernière Fontaine de Renaissance contre une très faible amputation de vos points d'XP. Notons aussi la possibilité de se téléporter en ville à n'importe quel moment, même en plein combat, afin de pouvoir aller faire le plein de fioles de soin comme un gros lâche en cas de besoin. À noter aussi que si le jeu propose plusieurs modes de difficulté, il faudra avoir terminé une première fois l'aventure pour y accéder.
Beau comme un Dieu
Si il est en revanche un point sur lequel Titan Quest ne souffre d'aucun reproche, c'est bien sa réalisation. Délaissant la 2D moche de ses ancêtres, le jeu est entièrement en 3D, et de fort bonne facture qui plus est. La caméra est fixe et autorise uniquement un zoom permettant de venir quasiment au contact de son personnage. Celui-ci est finement modélisé et animé, et la moindre variation dans son équipement est immédiatement visible à l'écran, ce qui fait toujours plaisir. Les effets de lumière abondent, notamment lors des passages jour/nuit qui se font tout en douceur, et on ne cessera de s'émerveiller devant un simple torrent s'écoulant en reflétant le soleil, ou devant les champs de blé ondulant au gré du vent et des mouvements des personnages qui les traversent.
Oui, Titan Quest est un beau jeu, mais en contrepartie il s'avère plutôt gourmand, et les baisses de framerate seront nombreuses pour ceux ayant les yeux plus gros que le ventre de leur carte graphique, notamment lors de l'utilisation de transparence sur les éléments du décor pour faciliter la lisibilité de l'ensemble. On saluera en revanche qu'aucun chargement ne vienne casser le ryhme du jeu, sauf lors de l'utilisation du sort de téléportation.
Bien évidemment, l'orgie n'aurait pas été totale en l'absence de mode multijoueur. Le jeu assure le minimum, avec la présence d'un mode coop jouable jusqu'à six. La difficulté sera bien évidemment ajustée au nombre de participants, histoire de ne pas trop transformer l'aventure en simple promenade de santé.