TEST
The Invincible (non, pas la série Prime)
Développeur / Editeur : 11 bit studios Starward Industries
Adaptation se voulant fidèle d’un livre de hard science fiction de l'auteur polonais Stanisław Lem publié en 1967, The Invincible nous promettait d’être un walking-sim (un jeu où l’essentiel du gameplay est de marcher) à l'histoire palpitante et au style rétro-SF engageant.
Je n’ai malheureusement pas lu la nouvelle d’origine, mais d'après ce que wikipedia me dit, l’une des plus grosse différence est que l’on ne joue pas un membre d’équipage de l’invincible, vaisseau-mère de l'alliance, venu à la rescousse d’une précédente mission sur Regis III. Ici, notre avatar est une biologiste du Commonweath, faction adverse de l’alliance, dont la mission était de devancer celle-ci à la course à la découverte des secrets de la planète. Bien évidemment cette mission a tourné à la catastrophe, et notre héroïne se retrouve amnésique et isolée de son équipage.Aaaah, l’amnésie, ce procédé facile pour forcer des phases d’exposition au joueur sans que cela soit trop bizarre d’un point de vue narratif. Ce n’est pas le cas ici : L'amnésie n'est pas gratuite, et les phases d’exposition se font essentiellement par des flashbacks lorsque notre personnage retrouve peu à peu la mémoire, mais de nombreux points du lore de l’univers de The Invincible resteront assez flou.
Le style rétro-futuriste est bien là, avec des technologies telles qu’on les imaginait dans les années 60 à base de gros robots aux arrondis métalliques et des vaisseaux en forme de roquette de Tintin, et si le jeu semble coller autant au livre, il en va de même des thématiques abordées. Le souci est que la technologie a fait des bonds de géants depuis, et le jeu ne parvient pas à actualiser les thèmes de Stanisław Lem, en particulier les discussions relatives aux IA, rendues caduques par les avancées du monde réel. Assez dommage car c’est une part non négligeable du jeu. Le système de dialogue est similaire à Oxenfree, où l’on peut sélectionner une réponse qui s'enchaîne naturellement dans la discussion en cours. Si c’est souvent convaincant, doublage de qualité aidant, il arrive aussi que certaines répliques tombent comme un cheveux dans la soupe, selon que l’on a déclenché telle ou telle conversation de zone.
L’autre problème est le gameplay. Alors oui, c’est un walking-sim, et on ne s’attendait pas à trouver des phases d’infiltration palpitantes (ce qui est rarement le cas pour ceux qui le tente) ou de shoot endiablé. Mais le genre a quand même un peu évolué ces dix dernières années en proposant des puzzles ou des interactions kinétiques (Dordogne récemment). Non, rien de tout cela ici, on marchera. Au pas. La touche de course vous fera cracher vos poumons au bout de quelques mètres, et les véhicules que l’on sera amené à piloter seront à peine plus rapides. S’ajoute à cela des interactions pas claires. Parfois on peut monter un rocher, et parfois, le même rocher sera un obstacle. Parfois on peut sauter en contrebas, parfois on se cognera à un mur invisible. Ce n’est jamais clair, et pire, celà vous obligera à faire des détours imprévus à vitesse d'escargot. Pénible.
Reste que l’intrigue principale, bien que déjà vue, est intéressante, et ses personnages ainsi que son héroïne attachants. Il offre également de magnifiques paysages. Et son style rétro-futuriste, je vous en ai parlé ??? C’est dommage que le jeu mette si longtemps à aborder le cœur de son sujet, et au final ne fasse que le survoler. Par exemple, la fin propose de nombreux embranchements, mais ils arrivent tous sur un fin ouverte n'ajoutant quasiment rien à l’expérience déjà vécue.
En voulant coller au maximum au style de son matériel d’origine, The Invincible offre une expérience qui, malgré son potentiel, se trouve alourdie par sa propre nostalgie et son manque d’audace. Le style est là, l'histoire palpitante un peu moins.