TEST
Steam Link : pourquoi vous ne devriez pas l'acheter
Prophétisée depuis des années, l'arrivée en force de Steam dans le salon ne soulève finalement pas grand enthousiasme. La faute à une offre Steambox illisible, à une compatibilité réduite - linux oblige - et à un pad pas vraiment convaincant. Mais Valve a prévu un périphérique pour rentrer par la petite porte : le Steam Link.
Découverte et Installation
Le principe du Steam Link est simple : un petit (vraiment petit) boitier branché à votre TV s'occupe de recevoir les images calculées par votre gros PC refroidi à l'azote liquide qui turbine sagement dans une pièce insonorisée à l'autre bout de votre 800m². Le boitier dispose de trois ports USB pour y brancher autant de pads, fort mal placés au demeurant si vous êtes un adepte du pad filaire.Coté installation, c'est enfantin : vous branchez l'alim, le HDMI et un câble réseau (ça marche aussi en wifi, mais il serait bon de limiter au maximum le lag - nous y reviendrons), et quelques secondes plus tard, le Steam Link reconnaît les PC de votre réseau domestique disposant de Steam. Il ne reste plus qu'à aller récupérer un code à quatre chiffres affiché sur votre PC au premier démarrage et zou, fin de la configuration.
A partir de ce moment, Steam se lance en plein écran sur votre PC et le boitier va streamer ce qui s'y passe. Corollaire : Si vous faites un Alt+Tab pendant une session de jeu ou dans l'interface sur votre bécane, votre téléviseur affichera votre superbe bureau Windows. Personne ne pourra donc s'en servir pour aller checker la dernière recette à la mode sur marmiton. Cela fait un peu amateur, mais peut toutefois se révéler utile pour dévoyer l'engin en tant que netflix box (le browser intégré de Steam peut également y accéder, mais la navigation est assez galère). Pour les jeux non-steam, il sera préférable de créer un raccourci dans l'interface de Valve : il est certes possible de streamer le jeu sur la TV avec la technique du Alt+tab, mais le mapping des boutons sur le pad est alors complètement à l'ouest, celui-ci n'était plus reconnu comme un périphérique X-Input.
Puisqu'on parle du pad, sachez qu'en conditions normales, nos tests de compatibilité avec différents périphériques n'ont rien révélé de gênant : officiellement supportés, les pads 360 et Xbox One n'ont posé aucun problème en USB (le premier marche aussi en sans fil avec l'adaptateur PC, pas le second), et nous avons également branché un clavier/souris et un pad PS4 (USB et Wireless) sans rencontrer la moindre difficulté. Nous n'avons hélas pas pu tester des périphériques plus exotiques (volants, joysticks ...).
Pour terminer cette prise de contact, rapellons que l'interface big picture n'est pas un modèle d'ergonomie mais reste praticable - même si on s'étonne qu'elle soit encore dans un franglais approximatif avec parfois des tags HTML visibles. Rien de gênant, mais pas très pro.
Coté jeux
Un petit mot sur l'environnement de test avant de parler des jeux : nous avons branché le Steam Link à une livebox avec un câble RJ45 d'un mètre; livebox elle-même reliée au PC de jeu (i7/8Go/GeForce 970 GTX) via un câble de 20m cat5e. Le réseau fonctionnait donc à 100Mbits théoriques (85 en conditions réelles selon le Steam Link).
Dans cette configuration, le framerate est resté bloqué en 1080p@60fps pendant nos tests en toutes circonstances. Mais le nerf de la guerre pour un appareil fonctionnant sur le principe de streaming, c'est la latence : le Steam Link doit recevoir les commandes du pad, les envoyer sur le réseau au PC qui va calculer le résultat, le compresser en flux vidéo et le retourner à l'envoyeur pour qu'il l'affiche sur la TV. En fonction des jeux (vitesse d'animation, complexité des images à compresser), nous avons eu des résultats assez disparates : entre 20 et 35ms de latence entre le moment où vous appuyez sur un bouton et le résultat sur l'écran. Ce n'est pas énorme, mais cette petite latence est cependant perceptible dans les jeux les plus rapides.
Le Steam Link propose trois réglages de compression vidéo pour réduire ce lag :
- Beau (bitrate 25 000 Kbits/s) : Le résultat à l'écran est très bon, même si un oeil averti discernera quelques défauts de compression et une image légèrement floutée, compression vidéo oblige.
- Équilibré (bitrate 15 000 Kbits/s) : L'image résultante varie de très acceptable à vaguement supportable suivant les jeux.
- Rapide (bitrate 8 400 Kbits/s) : Gros blocs de compression visibles à trois mètres de votre TV, vos yeux brûlent et votre peau fond.
Note : la latence est plus instable en wifi.
Quelles impressions cela donne-t-il en jeu ? Et bien cela dépend. Life is Strange est très agréable à jouer au fond de son canapé, mais sur un titre dans lequel les réflexes sont importants (comme Rocket League), on a une vague sensation de lourdeur des commandes assez désagréable à mesure que la latence augmente (bannissez le Wifi). Encore plus gênant, certains titres ont des soucis avec le streaming :
Evidemment, la puissance du PC qui streame est cruciale : si votre jeu tournait de justesse sur votre config, le surplus de puissance demandée par la compression vidéo en temps réel le rendra impraticable sur Steam Link.
Avec les choix douteux opérés par Valve pour les Steam Box, le Steam Link semblait être le meilleur moyen pour la bande à Gabe de prendre d'assaut le salon. Mais les approximations du produit livré aux premiers acheteurs mettent à mal cette théorie. Sachez le : en achetant un Steam Link, vous n'êtes pas certain de pouvoir profiter de toute votre bibliothèque Steam sur votre TV dans des conditions acceptables.