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Replay : VHS is not dead

Nicaulas par Nicaulas,  email  @nicaulasfactor
 
​A l’origine, Replay est un projet mené par des étudiants de l’IIM Paris. Présenté aux Montpellier Games Critics en 2013, il y a gagné le prix de la créativité et l’attention de Neko Entertainment, qui a décidé d’éditer le jeu. Après notre courte preview d’il y a six mois, on a enfin pu se frotter à la version finale sortie sur Steam en début de mois.
La petite équipe à l’origine du projet doit en avoir un peu marre de la comparaison, mais cette référence est évidente et reste le meilleur moyen de résumer l’histoire de Replay : c’est comme dans Be Kind Rewind. Comme dans le film de Gondry, le héros de Replay (subtilement nommé Harvey Hachess) efface par accident des VHS qu’il rapportait du Video Futur du quartier. La foudre qui l’a frappé a non seulement altéré les bandes, mais l’a également projeté dans sa télé. Qu’à cela ne tienne, il va retourner les scènes pour compléter les films et retrouver son canapé.

C’est carrément un jeu sur les flims

De fait, quatre films successifs servent de background : un film de pirate, un clone de Star Wars, un cliché de film d’horreur et un Indiana Jones-like. Chacun apporte un style visuel particulier, une bande-son adaptée et des dialogues au diapason. Au-delà de ça, on trouve une multitude de petites références au cinéma en général, et aux films à l’impact culturel fort (Die Hard, Titanic, les films de Bruce Lee, Kill Bill…). Seul léger faux pas, une référence à My Little Pony, alors qu’on sait tous que les bronies sont des mutants dégénérés. Bref, Replay suinte l’amour de la culture de notre enfance que j’ai tant de mal à qualifier de “geek”, et ce petit côté madeleine de Proust est le premier effet Kiss Cool du jeu.



Le deuxième, c’est l’originalité diabolique de son concept. On l’avait déjà évoqué lors des previews, Replay se démarque nettement dans le lot des puzzle games, grâce à l’idée toute simple des timelines différentes. Directement inspiré du fonctionnement des VHS et des magnétoscopes qui imposaient le rembobinage pour permettre une nouvelle utilisation, le gameplay est centré sur une fonction de rewind. On y reviendra plus en détail, mais il est toujours appréciable de voir un jeu transcrire en mécanisme de gameplay des éléments de la vie réelle sans que ça soit rébarbatif. Tout se déroule dans une VHS, donc tout fonctionne comme dans une VHS. Les idées les plus simples sont parfois les meilleures, et Replay en est un excellent exemple.

Be Smart Rewind

Les quatre films permettent de se frotter à 70 niveaux, se déroulant chacun sur un seul écran en 2D et fonctionnant tous sur le même principe : amener les personnages présents à la télé qui leur est dédiée. Prenons un exemple basique : Harvey et un autre personnage sont à l’écran, l'un doit aller à droite pour rejoindre sa télé, l’autre à gauche et il n’y a aucun obstacle. On va donc commencer par diriger Harvey jusqu’à sa télé, puis appuyer sur le bouton de rewind et prendre en main l’autre personnage. Harvey va alors reproduire sa séquence de mouvements qui s’est enregistrée, pendant qu’on dirige l’autre personnage jusqu’à sa télé. Simple, non ? D’autant plus simple qu’en dehors du stick directionnel et du bouton de rewind, il n’y a qu’un bouton de saut. On assimile donc extrêmement vite les contrôles, et il n’y a aucune difficulté à prendre le pli du switch de personnage.



Sauf que comme dans les vrais bons puzzle games, cette simplicité cache un level design inventif et retors qui offre au joueur des heures d’arrachage de cheveux et de fumage de cerveau. Non seulement des obstacles viennent se poser sur la route de chaque personnage (piques, caisses, portes…), qui peuvent être nombreux (jusqu’à 5 dans certains niveaux !) mais ils doivent surtout coopérer entre eux. Se positionner sur le bouton qui ouvrira la porte, au bord d’un obstacle pour servir de plate-forme, pousser une caisse pour la donner à quelqu’un d’autre… Il y a une multitude de possibilités qu’on découvre en tâtonnant. Puisqu’on ne peut enregistrer qu’une séquence par personnage (si on reprend Harvey en main après avoir rembobiné une séquence, on écrase cette dernière qui se remplace par la nouvelle), on se retrouve souvent à tester des trucs jusqu’à comprendre comment le niveau a été construit. On le déconstruit alors étape par étape, et les séquences de chaque personnage deviennent alors assez logiques.
Dernière subtilité, même en ayant saisi le design d’un niveau et en comprenant les étapes de sa résolution, il est parfois (souvent) nécessaire de décomposer la résolution en plusieurs rewinds successifs. Difficile à expliquer, mais évidente quand on y est confronté, cette subtilité de gameplay est la plus difficile à maîtriser, parce qu’elle oblige à décomposer l’action non seulement sur plusieurs personnages, mais aussi sur plusieurs timelines.

VHS avec bonus

Le jeu devient donc rapidement un challenge assez costaud, l’intérêt étant renouvelé par les spécificités de chaque VHS (les niveaux Star Wars ont des lasers, par exemple) mais également par la présence d’une clé dans chaque niveau, généralement placée hors d’atteinte des personnages et nécessitant donc un ou des rewinds supplémentaires pour la récupérer. Il existe donc au moins deux manières de finir un niveau, une difficile et une encore plus difficile. Les clés récoltées permettent d’accéder à des niveaux bonus encore plus difficiles.

Mis bout à bout, le contenu du jeu se chiffre aisément au-delà de la quinzaine d’heures, en fonction de vos capacités de raisonnement. Au vu du prix extrêmement raisonnable, le jeu mérite que vous vous y intéressiez.
En guise de conclusion, je dirais qu’à bien des égards, Replay m’a rappelé Tetrobot et je lui accollerais donc les mêmes qualificatifs : intelligent, bien réalisé, intuitif mais offrant un challenge relevé, et enfin, pas cher.
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