TEST
Pikuniku
par billou95,
email @billou_95
Développeur / Editeur : Devolver Digital Sectordub
Dans le contexte économique actuel, qui cracherait sur de l'argent gratuit... DE L'ARGENT GRATUIT !! Cette proposition pour le moins farfelue est littéralement le point de départ de Pikuniku, premier jeu du studio franco-britannique Sectordub. S’il nous a d'abord tapés dans l'œil grâce à sa direction artistique chipée aux bouquins Monsieur Madame et son héros adorablement idiot qui met des coups de pattes dans tout ce qui passe, le bougre cachait bien son jeu et est plus profond qu'il n'y parait.
L'introduction plante directement le décor dystopico-loufoque de l'aventure : sur l'ile où résident les protagonistes de l'histoire, Mr Sunshine en chapeau haut de forme fait la propagande de son argent gratuit, offert aux habitants en échange des ressources naturelles qui encombrent leurs champs et rivières. Ils n'ont même rien à faire, le bonhomme se charge de faire intervenir des robots pour nettoyer leurs prairies des encombrants. Un peu plus loin, dans une lugubre caverne, le monstre est sur le point de se réveiller. C'est là qu'on entre en action. Guidé par un avatar fantomatique, notre échassier va tout d'abord se dégourdir les jambes et apprendre comment se déplacer et taper dans des trucs. C'est d'ailleurs à peu près tout ce qu'il y a à connaître pour aller au bout des trois petites heures que durent Pikuniku.Ce faisant, le blob rouge va rencontrer et asticoter des personnages hauts-en-couleurs : les habitants du village d'à-côté qui vont vite se rendre compte que les légendes étaient largement exagérées, rapport à la fausse férocité de ce monstre minuscule et pour le moins social. Puis on fera connaissance avec un trio d'apprentis-rebelles qui ont vite pigé qu'il se tramait quelque chose de bizarre sur leur caillou et qui partiront en guerre contre les sbires mécaniques de Mr Sunshine jusqu'à découvrir ses diaboliques intentions. Tout l'intérêt du jeu étant de découvrir et interagir avec chaque PNJ, on évitera de trop vous en raconter mais ce que l'on peut dire c'est que le jeu ne manque pas de fraicheur. L'esthétique aplats-de-couleur pastel y fait bien évidemment pour beaucoup. Entre livre pour enfants et dessin animé à la Cartoon Network, chaque nouvelle découverte aiguise nos zygomatiques.
Je mets les pieds où je veux, Little John
Mais là où on n'attendait vraiment pas le bambin de Sectordub et où il réussit à nous surprendre, c'est dans des dialogues et un propos sous-jacent astucieusement décalés avec l'ambiance à première vue très enfantine de l'ensemble. Pikuniku reconnecte chacune des conversations avec notre réalité, faisant par exemple rejaillir l'esprit d'un adolescent rebelle dans un oisillon ou empruntant des références à la crise économique moderne dans l'adorable boutique du village de départ. C'est malin, ça tombe toujours juste et c'est très bien traduit dans la langue de Molière. Et entre fous-rires et prises de conscience, on se balade dans ce qui pourrait être un walking-simulator en 2D. Le maigre gameplay (bousculer des trucs si possibles vivants, revêtir ou utiliser des objets pour interagir avec l'environnement) s'excuse par la physique chewing-gum absurde du jeu.Le héros devra ainsi à certains moments se battre contre sa maladresse pour faire rouler une pierre dans des tunnels, actionner des leviers et résoudre des énigmes simples. Outre des séquences de combat téléguidées contre les robots de Mr Sunshine, Pikuniku offre tout de même quelques mini-jeux et puzzles rigolos : battle de danse contre un robot, course-poursuite pourchassé par les fistons d'un toast grillé, etc. Il y a même du contenu supplémentaire accessible aux curieux mais on regrette hélas que le jeu ne fasse pas grand-chose pour nous signaler ces bonus sympathiques, la faute à une mise en scène volontairement minimaliste. La plupart des joueurs se contenteront du fil rouge de l'aventure et passeront en marge des tirades les plus amusantes, faisant l'impasse sur certaines zones cachées. Reste les quelques niveaux coopératifs annexes plutôt malins qui font sens dans la version Switch.
Pikuniku est ce petit bonbon à la menthe qui rafraichit comme il faut le peu de temps qu'il reste à fondre sous la langue. On est surtout ravis de voir qu'il embarque un humour détonnant qui lui permet de marquer les esprits alors qu'il aurait pu se contenter de n'être qu'un petit jeu d'aventure mignon de plus.