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Onimusha: Warlords
par billou95,
email @billou_95
S'il y a bien un truc qu'on aime faire chez Capcom, c'est recycler son petit catalogue de licences jusqu'à l'épuisement. Il n'y a qu'à voir Monster Hunter World, 14e épisode canonique ou plus récemment Resident Evil 2, jeu dont on ne compte plus les rééditions qui déboule en Remake dans quelques semaines sur consoles et PC. Alors quand ils nous ressortent l'un des jeux qui a façonné la gloire de la PlayStation 2 en portage haute définition et ce après 12 ans d'absence de la série originale... on hausse les épaules à défaut de nouveauté on s'y remet, pour le plaisir.
Assez étonnamment, Onimusha: Warlords n'était pas destiné à devenir l'un des porte-étendards de "la console du jeu d'action et du DVD". Lorsque fin 1997 le designer de Resident Evil pousse les portes du conseil d'administration de Capsule Computers en brandissant un projet répondant au nom barbare de Sengoku Biohazard, il ne fut émis aucun doute sur sa volonté : créer un Resident Evil dans le Japon féodal. Les documents de design parlaient même de la reprise quasi-identique des codes de Biohazard, la maison (ici une académie ninja) bourrée de pièges, de puzzles et bien évidemment de zombies (transfigurés en Oni sur ce jeu). Le projet a finalement mûri et profité de l'avènement d'une nouvelle génération de consoles pour changer de direction. C'est Jun Takeuchi et Keiji Inafune qui prennent en main le développement et y insufflent l'énergie de leurs précédentes créations pour le transformer en un jeu d'action qui deviendra le succès qu'on connait.C'est ainsi qu'on traverse un pan symboliquement historique de l'éditeur nippon en rejouant à Onimusha 18 ans après sa sortie. On y retrouve à la fois avec plaisir et délectation (non) les joies du moteur de Resident Evil et un gameplay très typé début des années 2000 qui ne trahit jamais ses intentions, le fun et l'action avant tout desservis par un scénario largement inspiré des événements majeurs de l'ère Sengoku. Peu après la bataille de Okehazama, Nobunaga Oda disparait présumé mort et le héros de guerre Samanosuke Akechi reprend un semblant de vie normale. Quelques mois plus tard, il est convoqué par son amie la princesse Yuki Saitō qui soupçonne la présence d'Oni aux abords du château. Accompagné par sa partenaire Kaede, Samanosuke va vite découvrir qu'un démon a pris possession de Nobunaga et compte bien créer une armée de morts-vivants pour régner sur le Japon.
Résidents débiles
On le disait, le gameplay est résolument orienté vers l'action bien qu'Onimusha partage son moteur de jeu avec le survival-horror fondateur de Capcom. Samanosuke se bat avec un katana et va bientôt réveiller d'anciens sabres sacrés permettant d'effectuer des attaques dévastatrices liées aux magies élémentaires de la foudre, du feu et du vent. Le samouraï est aussi capable d'utiliser des arcs et plus tard une arquebuse qui permettent de tenir les ennemis à distance dans les différentes arènes proposées que constituent chacun des niveaux traversés. Le héros est bien plus mobile que ne l'étaient les personnages de Resident Evil 1 et 2, il peut également parer les coups adverses, bondir et verrouiller les ennemis. Par contre l'orientation reste assujettie aux caméras fixes dans des décors précalculés, avec tout ce que cela implique en matière de maniabilité.Mis à part cela et quelques pénibles aller-retour pour aller chercher une clé à l'autre bout du niveau en se tapant des hordes de monstres, le jeu reste toujours aussi agréable. Evidemment, de l'eau a coulé sous les ponts depuis 2001, le genre à la troisième personne fait aujourd'hui des efforts pour varier gameplay, lieux traversés et énigmes proposées, mais il ne faut pas oublier qu'Onimusha: Warlords était un précurseur à sa sortie. On lui pardonnera donc une progression linéaire manquant cruellement d'envergure, une durée de vie assez faible (le jeu récompensant même d'un succès ceux le finissant en moins de 3 heures !) et des ennemis et boss sans réels patterns. A noter que Warlords embarque une partie des nouveautés introduites dans le portage Genma sur Xbox : éclairages retravaillés, nouveaux lieux, boss, costumes, un niveau de puissance supplémentaire pour les armes et réenregistrement 5.1 de toute la partie son.
D'ailleurs, les doublages anglais drôlement kitschs font bien sourire et nous rappellent la grande époque de la PS2. C'est surtout un bonheur de retrouver la bande originale symphonique signée Takashi Niigaki mélangeant sonorités d'instruments traditionnels et envolées classico-dramatiques à la Resident Evil. Le portage est lui en demi-teinte : upscaling des textures en haute résolution avec tout ce que cela implique, pseudo mode 16:9e bricolé en utilisant des jeux de zoom, contrôles adaptés au stick et possibilité de switcher d'arme via la gâchette plutôt qu'en passant sa vie dans des menus austères, ce qui n'est pas du luxe. Des efforts qui restent louables mais n'empêchent pas de ressentir l'effet daté d'un titre dans son jus, la faute à des textures délavées et des modèles aux poly count forcément inchangé bien que motion-cappés avec soin lors du développement original.
Malgré un portage haute définition qui se contente du minimum, cette réédition d'Onimusha: Warlords nous confirme que la genèse de la première grande saga de la PlayStation 2 est l'un des évènements marquant dans l'histoire du jeu vidéo japonais. Maintenant qu'on s'est dit ça, il serait grand temps pour l'éditeur de ressortir ses légendes nippones du placard et de passer à la vitesse supérieure parce qu'entre Sekiro et Ghost of Tsushima, les concurrents eux ont déjà un Shinkansen d'avance.