Connexion
Pour récupérer votre compte, veuillez saisir votre adresse email. Vous allez recevoir un email contenant une adresse pour récupérer votre compte.
Inscription
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation du site et de nous vendre votre âme pour un euro symbolique. Amusez vous, mais pliez vous à la charte.

Un Rédacteur Factornews vous demande :

 
TEST

Need for Speed Heat : Une formule en bout de course ?

miniblob par miniblob,  email  @ptiblob
Développeur / Editeur : Electronic Arts Ghost Games
Supports : PC / Xbox One / PS4
Vous l'aviez déjà oublié et pourtant un nouveau Need for Speed vient de sortir. Le pauvre n'a pas eu les faveurs de grand monde, on lui cassait déjà du sucre sur le dos avant même qu'il ne montre le bout de son capot. Forcément, ça a quelque chose de triste, on pourrait croire à une injustice. Alors, ce pauvre NFS Heat, on a envie de lui faire une petite place, de le cajoler, de sécher ses larmes d'octane. On lui consacre donc un peu de temps tout en essayant de lui trouver quelques qualités, tout ça pour finalement constater que ses défauts sont bien plus intéressants et qu'ils ont beaucoup à nous apprendre.
Commençons par la base : Need for Speed est une licence de jeux de course bien connue des amateurs de néons et de courses-poursuites avec les flics. Mine de rien, la série fête cette année ses 25 ans et continue encore régulièrement de se refaire une beauté puis de venir toquer à notre porte quand la fin d'année approche. C'est le calendrier des Dieux du stade mais avec des joueurs d'il y a trois ou quatre générations qui ont juste pris le temps de se faire une manucure avant de poser à poil. Qu'on se comprenne, chez Factor on a absolument rien contre la gérontophilie, on est d'ailleurs tous ici un peu au moins à demi-vieux. C'est donc avec la seule ambition de retrouver des pantoufles confortables que moi, votre pauvre serviteur contraint d'utiliser ici la première personne pour des raisons qui vous apparaîtront plus tard, me lançais dans ce nouvel opus sobrement sous-titré Heat.

L'affût du nerd ivre

Impossible de faire l'impasse sur une courte généalogie du titre. En effet, depuis 2013, la licence est confiée aux bons soins du studio suédois Ghost Games. Tous les deux ans, ils nous pondent ainsi une nouvelle déclinaison. On a eu Rivals, puis l'épisode qui n'a pas de sous-titre et qu'il est donc impossible de qualifier autrement que par sa cuvée, c'est à dire 2015, suivi de Payback en 2017, pour enfin arriver à Heat cette année. Mettons les pieds dans le plat, vous trouverez peu de joueurs pour encenser le travail du studio sur la licence, à part peut-être moi mais ça fait sans doute déjà partie du problème. Payback tout particulièrement est reconnu comme l'un des pires épisodes de la série. Pour la faire courte, on reproche généralement à ces jeux d'être certes assez jolis, mais surtout mollassons dans les sensations de conduite. Des coquilles vide en somme. Au risque de vous divulgâcher l'ensemble de ce test, c'est le même genre de remarque qu'on adresse à Heat.



Vous voulez en savoir plus, grand bien vous fasse, de toutes façons le topo sera assez vite mené. Dans NFS Heat on débarque dans un monde ouvert, une ville fictive et ses environs qui représentent plus ou moins une Floride particulièrement pluvieuse. Le jour vous allez enchaîner les courses sur circuit fermé qui vous permettront de gagner de l'argent, la nuit ce seront des compétitions clandestines au milieu du trafic et souvent avec les flics à vos fesses qui vous feront gagner des points de réputation. Ceux-ci permettent de progresser par paliers de niveau qui vont vous ouvrir de nouvelles pièces et de nouveaux véhicules à l'achat. Quelques précisions, quand on parle de trafic, il ne faut pas trop s'emballer, visiblement cette Floride là vient d'être évacuée en vue d'un ouragan et les rues manquent singulièrement de vie. L'autre point qui choque d'entrée de jeu, c'est la représentation qui est faite des forces de l'ordre. Les policiers sont représentés comme des pervers éprouvant un plaisir malsains à mettre des bâtons dans les roues des gentils coureurs automobiles. Des connards font des rodéos nocturnes à plus de 240 km/h en pleine ville et on voudrait me faire pleurer sur la perte de leur permis ? Croyez-le ou non, j'étais à deux doigts d'ajouter un vinyle #soutienFDO en customisant ma caisse, et j'en étais le premier surpris.

En panne d'inspiration

Je vous vois venir, les NFS n'ont jamais eu vocation à être pris au sérieux ni à se montrer réaliste. D'ailleurs, autant vous le confesser, d'habitude je ne suis pas particulièrement un amoureux des simulations de course, si j'aime la série c'est justement pour sa prise en main sans prise de tête et son étrange habitude de faire fi des lois des Hommes comme des lois les plus élémentaires de la physique. Bon, même avec une approche qui se veut résolument arcade, on devrait pouvoir espérer qu'un arbre soit un tout petit peu plus solide qu'un décor en carton pâte, mais admettons qu'on se situe dans un univers alternatif où tous les palmiers sont dévorés de l'intérieur par des armées de chenilles et de charançons... Reste que sa physique pétée n'est sans doute pas le plus gros défaut du titre, le comportement des IAs par exemple est bien plus problématique. En gros il n'y a pas de juste milieu, soit vous allez vous trouver derrière une voiture qui fait la course toute seule devant et qui semble inatteignable, soit au contraire c'est vous qui partez en tête et finissez parfois avec plusieurs kilomètres d'avance sur vos concurrents. C'est un peu la même chose avec les flics qui semblent tantôt indestructibles et plus collants qu'une nuée de témoins de Jéhova, et tantôt myopes comme des taupes et incapables de suivre la moindre piste. Globalement le jeu manque furieusement d'équilibre dans ce qu'il propose.



Alors c'est sûr, il y aurait bien plus à dire, on pourrait par exemple parler du scénario qui s'appuie sur la dichotomie entre le gentil frère qui vous sert de guide la journée et qui répare vos voitures, et sa coquine de sœur qui vous entraîne dans les activités clandestines nocturnes, évoquer les musiques qui sont parfois passables mais qui ressemblent le plus souvent à, je cite une auditrice de goût, « ce qu'on entend dans les campings l'été », lister la tonne d'activités annexes et sans intérêt comme péter des panneaux ou se faire flasher le plus vite possible, ou même détailler le système de customisation pour faire rugir de plaisir le kéké qui sommeille en nous... Oui mais dans le fond tout ça ne fait pas le sel d'un bon NFS. Quand la fureur n'y est pas, on peut difficilement estimer que le contrat est rempli. Il n'y a pas à tortiller, face à des licences comme Forza Horizon, la course à l'excellence semble bel et bien perdue d'avance pour l'équipe de Ghost Games. Faut-il pour autant jeter totalement leur proposition ? Et bien je vais vous faire frémir, mais dans le fond je les aime bien leurs jeux tout cassés.

Retour à la casse du départ

Quoi, tu nous en fais des tartines sur tous les défauts de ce NFS Heat pour ensuite nous dire que tu y prends ton pied ? Il va falloir être un peu plus clair... Pas de soucis, mais pour ça il faut aussi que je revienne sur mon expérience concernant l'épisode sans nom de 2015. Les sensations de conduite de ce dernier ressemblent à ce que propose Heat (avec, pour le plus récent, la possibilité de s'appuyer un peu moins sur le drift, mais c'est de l'ordre du détail...) et c'est avec lui que j'ai découvert une nouvelle façon d'apprécier la licence. J'aborde désormais les NFS de Ghost Games comme des exercices zen. Comprenez par là que je me laisse porter par leur vide et que la conduite éthérée qu'ils proposent me permet de faire momentanément abstraction de tout, de me plonger dans un ailleurs métaphysique tout en étant parfaitement ici, une dissolution de la conscience pour mieux saisir son unicité... Alors je vous le concède, l'exercice pourrait tout à fait se passer des néons, de la techno bas de gamme et des punchlines faussement branchées. N'empêche que ce sont des jeux qui ont cet étrange pouvoir sur moi, et pour cette raison il m'est difficile d'en dire du mal.



Je vais être honnête, ce n'est peut-être pas tout à fait la seule raison. L'autre est d'ailleurs un peu moins avouable et tient à un attachement tout à fait irrationnel à Ghost Games. J'ai effectué une courte visite au studio un peu avant la sortie de Rivals, depuis je l'associe forcément à la très jolie ville de Göteborg, à une vision idéalisée de la Suède, à mon envie d'y retourner en vacances avec ma petite famille... C'est un peu ma confession, si Ghost Games se montre incapable de proposer un Need for Speed digne de ce nom, je suis sans doute incapable de vous fournir un test impartial. Dans le fond, c'est une question d’inadéquation avec la formule : Ghost Games a incontestablement un certain savoir-faire mais il ferait mieux de le mettre franchement au service de projets s'assumant comme trippant et laisser la licence NFS à d'autres. Enfin c'est une opinion comme une autre, vous l'aurez compris cet article dans son ensemble manque lui aussi furieusement de légitimité et dénote d'une autre forme d'inadéquation. Après tout, c'est sans doute la leçon à tirer de ce NFS Heat : quand on s'acharne à faire et à refaire la même formule sans parvenir à un résultat satisfaisant, c'est peut-être tout simplement qu'il faut passer à autre chose. Espérons qu'EA finisse par le comprendre aussi en employant enfin Ghost Games sur des projets qui correspondent au potentiel du studio.

Les années passent et pourtant tout est toujours à sa place. Plus de bitume et encore moins d'originalité, les NFS tournent en rond et ils le font sans la moindre pugnacité. Dommage que les équipes de Ghost Games s'acharnent à suivre une formule qui ne leur convient pas. Mais qu'est ce qu'ils attendent pour ne plus suivre les règles du jeu et nous proposer enfin l'expérience planante qu'ils sont les seuls à pouvoir délivrer ?
Rechercher sur Factornews