TEST
Les confits de Connard : Midnight Fight Express
Développeur / Editeur : Humble Bundle Humble Games
Nous avons bien de la chance. Pour ceux qui aiment le jeu vidéo, il y a tous les jours plus d'œuvres (ou de produits) à dévorer (ou consommer) que le jour précédent. Cette bénédiction amène sa malédiction jumelle : le backlog. La liste des jeux achetés auxquels on n'a pas encore joués, toujours pour une bonne raison, ne finit plus de grandir tandis que, pris de folie consumériste, on l'allonge toujours plus qu'on la raccourcit. Ça tombe bien, la croissance est le fondement de notre société. Ce n'est donc que logiquement que je vous propose de jeter un œil à l'offre Humble Choice de ce mois-ci.
Cette offre vous permet d'obtenir huit jeux à prix cassé, pour peu que les soldes Steam vous aient laissé de quoi payer. À noter que certains de ces jeux sont également disponibles via le Xbox Gamepass, si vous y êtes abonnés, et que ce bundle propose uniquement des clés Steam.D'abord attiré par des jeux de ma liste de souhaits (encore une qui croît sans fin), j'ai ensuite été surpris par la qualité qui semblait ressortir de ce lot. Puis m'est venue l'idée d'écrire un petit test pour ces jeux, afin de me forcer à y jouer et ne pas les jeter dans le trou noir qu'est mon backlog, d'une part, et pour partager des infos concernant les divers jeux proposés à qui pourrait être intéressé, d'autre part. Je vous en prie, c'est cadeau. On commence avec Midnight Fight Express.
Note de CBL : Oui on sait, faire un article sur les jeux Humble Choice de décembre à deux jours de la fin du mois n'est pas l'idée du siècle mais c'est une bonne occasion de parler ou de reparler des jeux proposés. C'est aussi la première collaboration de Connard et il a débuté fort vu qu'il m'a envoyé un Google Doc de 12 pages que je vais découper en plusieurs articles.
Midnight Fight Express
Ce jeu publié par Humble Games (c'est pratique pour remplir un abonnement mensuel) est une lettre d'amour aux films d'action et de baston des années 80, 90 et 2000, composée par un développeur polonais d'une trentaine d'année. L'aventure vous emmène tabasser des flics et autres malfrats afin de sauver votre ville au cours d'une nuit d'insurrection mouvementée. Après un tutoriel trop dense à mon goût : j'aurais préféré que le jeu disperse plus ses mécaniques dans la quarantaine de niveaux, comme le permettent, et le font dans une certaine mesure, ses arbres de compétences. Le scénario, qui se déroule principalement en flashbacks et qui m'a fait de nombreuses fois lever les yeux au ciel, vous promène de rebondissements nanardesques en rebondissements ridicules pendant que vous envoyez vos poings dans les gueules des nombreux ennemis visuellement très variés que vous rencontrerez.Au cours de mes cinq heures de jeu pour voir la fin, j'ai été baladé dans toute la ville, pour me présenter tous les clichés des films et jeux du genre (baston dans un ascenseur, course poursuite en jet ski ou en moto, passage dans un avion, poursuite par un hélico, etc...) dans un déluge d'action frénétique. On est bien ici dans un simulateur de John Wick, ou Jackie Chan : on tarte les méchants, pouvant également leur balancer les objets du décors ou armes blanches et contondantes au travers de la figure, tout en ayant la possibilité d'utiliser également leurs armes à feu.
Le jeu brille dans les moments où on atteint le flow, une transe dans laquelle on ne fait qu'un avec l'action, surchargé d'adrénaline alors qu'on éclate des clowns, des pirates, du SWAT ou des gangs (tout ce qui peut avoir un uniforme est présent pour être tabassé). La musique joue un rôle important aussi, nous faisant sonner l'électro habituelle de ce genre de titre et de transe (Hotline Miami, Furi...). C'est d'ailleurs une bonne idée de nous indiquer le titre de chaque morceau en début de niveau. Malheureusement, cet état cathartique est constamment interrompu par une narration dispensable qui coupe l'action en permanence pour nous imposer des dialogues insipides.
Certes, il m'est arrivé d'ouvertement rigoler à quelques blagues lors du déluge de références qu'est ce jeu (le comique de situation étant bien plus réussi que les dialogues) et d'être tout à fait surpris par un niveau qui délaisse la folie meutrière pour quelque chose de plus décalé, l'espace d'un instant mais il m'est aussi arrivé d'insulter copieusement le jeu pour ses situations menant à une frustration extrême quand, par exemple, un niveau utilise un danger environnemental ou une arme ennemie qui tue d'un seul coup et qui peut arriver pendant une animation de prise ou de finish move, ou lors d'un boss particulièrement infâme qui nous poursuit et qu'on doit éliminer avec un stock limité d'objets qui peuvent être détruits avant qu'on les utilise.
Le jeu propose un système de notation et de points, en fonction de la longueur de nos combos, de la variété des mises à mort utilisées et du temps passé, ainsi que des défis pour chaque niveau (qui ne sont révélés et ne peuvent être validés qu'après avoir terminé ces niveaux une première fois, petite frustration supplémentaire), permettant ainsi aux obsédés du score de passer un peu plus de temps à casser des bouches. La très bonne idée est de proposer, lorsqu'on refait un niveau uniquement, de passer tous les dialogues et ainsi de moins souffrir de pauses inopportunes.
Ces défis permettent de personnaliser l'apparence de notre personnage, ce qui est tout à fait dispensable mais nécessaire à la totalité des jeux qui sortent, manifestement. Défi optionnel plus problématique pour le rythme, plusieurs PNJs sont trouvables dans les niveaux pour en apprendre plus sur le monde, ce qui demande de se promener dans des endroits secondaires et de fouiller les niveaux. Pour un jeu basé sur un sentiment de transe et de fusion avec l'action, c'est pour moi contre-productif, comme l'était la récolte d'éléments cachés dans Doom 2016, qui m'a fait arrêter de jouer à ce dernier parce que je passais plus de temps à m'emmerder et à me promener qu'à buter des méchants (je réagis mal à la FOMO et m'en empêcher n'est pas toujours facile).
Accessoirement, je déplore un peu la misogynie ordinaire du titre, probablement héritée des films pastichés et de leurs époques. A l'exception d'un boss, les premières femmes qu'on croise sont habillées en lapin sexy, façon Playboy, puis sont ensuite présentes dans certaines factions particulières plus "civiles". Pas de femmes flics et un seul groupe de femmes dans un gang sur deux niveaux, un peu comme si la féminité empêchait une vie de crimes, violences et meurtres. Ou de faire partie d'un gang. C'est un détail mais c'est en permettant de tabasser tout le monde qu'on normalise la mixité.
Un dernier détail mais la version française est d'une qualité surprenante pour un tel titre et je ne m'attendais pas à une référence à La Cité de la Peur au milieu de mon jeu de baston.
Midnight Fight Express ne m’a pas enchanté mais il ne m’a pas dérangé non plus. Il est assez court pour proposer des bagarres bien rythmées sans trop nous lasser mais les coupures permanentes pour une narration au mieux passable m’ont empêché de me jeter dedans et d’oublier ses défauts.