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Lakeview Cabin Collection : "Viens jouer avec nous"

kimo par kimo,  email
 
Les beaux jours arrivent, vous aviez décidé d'aller en vacances vous baigner au bord d’un lac avec vos amis. Mais Pam est partie dans la forêt depuis deux jours, Jon a disparu dans le lac, le van ne démarre plus, les lignes téléphoniques sont coupées et les saucisses servies par les autochtones dégénérés ont un drôle de gout. Vous n’auriez peut-être pas dû prendre cet autostoppeur qui travaille à l’abattoir...
Lakeview Cabin Collection vous propose de vivre votre propre slasher movie à travers quatre univers de films en forme de sandbox. Vous entrez dans l’une salle des salles du cinéma qui sert de menu interactif au jeu, et c’est parti pour une petite session de chat et de souris avec les entités surnaturelles qui souhaitent gâcher vos vacances à coup de tranchoir. Et dire qu’on s’est tapé les bouchons pour ça ! L’unique niveau disponible pour le moment (le jeu est épisodique mais vendu en une fois), c’est donc ce petit voyage au lac avec vos amis (quoique le cinéma réserve aussi son lot de surprise). Si l’expérience est incomplète, elle permet déjà de se faire une idée.

La première bonne surprise pour un jeu de ce type, c’est que Lakeview Cabin Collection n’est pas une parodie lourdingue. L’humour ne vient pas de l’exagération ironique des codes des slashers. Bien sûr, le jeu est bourré de clin d’œil, mais il ne capitalise pas sur la moquerie de ses modèles sous couvert d’hommage et, au contraire, leur rend honneur en étant très soigneux dans la retranscription de leurs univers. Car à ce niveau-là, le jeu surprend aussi : techniquement, c’est du solide. Les graphismes et le design sont à la hauteur et le degré de finition est exemplaire. Au niveau des éclairages ou de l’ambiance sonore, le travail est là aussi très soigné. Le jeu ne fait donc pas de la nullité « drôle » son fond de commerce, et ça permet d'avoir affaire à un "vrai" jeu plutôt qu'à un pastiche flemmard.


 
Si l’humour ne vient pas de la caricature, c’est aussi que le jeu est très sobre dans sa présentation. Pas de cutscene humoristique, pas de scénario parodique, pas de tueurs débiles ni de personnages ridicules. Bien sûr, la transcription de l’univers gore en pixel-art dégage tout de même une certaine ironie, mais le jeu ne pousse pas plus loin dans cette direction. Il préfère mettre en place un humour burlesque de situation via son gameplay en forme bac à sable dans lequel le joueur peut s'amuser à tout essayer pour survivre. Pour certain, ça sera donc éliminatoire car il n'y a ni scénario ni dialogues, à peine un vague objectif (survivre ? s’enfuir ? tuer les tueurs ?) et que le jeu est constitué d'un unique environnement ouvert et d'aucun indice sur quoi y faire.

On dirige donc quatre amis parmi lesquels on peut switcher à tout moment. On est dans un campement au bord du lac, et… c’est tout. Pour survivre, il va falloir faire avec les moyens du bord ou bien attendre sagement de se faire étriper. Au début bien sûr, tout est calme. Mais petit à petit, le tueur laissera des petits indices de sa présence, jusqu’à ce qu'on trouve l’un de nos personnage crucifié avec ses propres tripes. Dès lors pas de doute, quelque chose de louche est en train d’arriver…Mais non seulement on ignore au début à quoi ressemble le tueur, quand il intervient ni comment (quoique sur ce point on a rapidement une idée), mais on ne sait pas non plus quoi faire précisement pour se défendre. C’est là que l’aspect sandbox du jeu prend tout son sens. Comme il n’y a ni tutoriel, ni aucune indication sur ce qui sert à quoi, préparez-vous à vivre des situations embarrassantes.



On passe donc nos premières parties impuissant à voir nos amis mourir un à un. Mais il est plus probable que l’ « incident » domestique soit la première cause de mortalité de ce petit voyage. Sans la moindre indication sur quoi faire et un nombre d’objets à utiliser assez conséquent, l’exploration de l'environnement se finit souvent par un unijambiste à poil qui regarde ses copains prendre feu ou passer dans le broyeur à bois (oups). A moins que comprenant la futilité de la vie, ils préférent se bourrer d’alcool et partouzer tous ensemble une dernière fois dans la cabane en bois. Si le sandbox reste plutôt limité au demeurant, du fait notamment de l’absence de craft et d'un espace de taille limité, il y a de la marge pour s’amuser. A condition de le vouloir, car l'amusement ne vient que de la propension de chacun à faire preuve de créativité.
 
Au fur et à mesure des expérimentations loufoques et des morts accidentelles, on arrive tout de même à concevoir des pièges, à ordonner un plan de bataille. De là à le mettre à exécution, il y a un monde. Car Lakeview Cabin Collection a beau être complétement débile, lorsque la nuit tombe, que le vent fait sonner les cloches et que le générateur s’arrête brusquement, il faut bien reconnaître qu’il y a du stress ! L’apparition soudaine d’un tueur dont on ne connait pas les capacités n’a rien de rassurant, surtout quand tous nos potes se font massacrer au moment même où on tente justement de lui tendre un piège, à moins qu'on leur mette nous-même une balle dans le ventre. Les mains tremblent et on a la gâchette facile quand on est poursuivi par un tueur armé d'un ours en peluche... Car oui, les tueurs composent aussi avec l'environnement, à vous donc de savoir faire le choix des armes...

Le jeu a donc une qualité naturelle pour passer du stress à l’absurde en un clin d’œil, lorsqu’un plan tourne mal ou que le tueur surgit au mauvais moment. Au final, on meurt souvent accidentellement, et ça pourra se révéler aussi frustrant pour certains que drôle pour d'autres. Les sessions sont courtes, les mécanismes se dégagent assez rapidement et on peut vite en venir à bout, mais le jeu est assez intéressant pour être gratifiant, d’autant qu’il y a pas mal de secret à découvrir. Un mode multi aurait été parfait, mais les mécanismes solides du solo permettent de ne pas trop le regretter. On espère aussi que les niveaux à venir apporteront assez de nouveauté pour sortir du lot.

Lakeview Cabin Collection est un petit jeu très sympathique, qui sait ce qu'il veut faire et le fait bien. Une bonne surprise donc.
 
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