TEST
Justice Sucks
par billou95,
email @billou_95
Développeur / Editeur : tinyBuild Samurai Punks
On n'est jamais assez surpris par des concepts absurdes comme Roombo: First Blood. Le petit prototype des développeurs du déjà débile Screencheat nous avait tapé dans l'oeil à sa sortie. Pensez donc, un mélange de tactique, d'action et d'infiltration dans la peau d'un aspirateur robot, il fallait oser. Et il faut croire que ce n'était pas son dernier nettoyage en règle, puisque le robot tueur de Samurai Punk est de retour dans le Tactical Vaccum Action Justice Sucks, avec un couple batterie/aspiration plus efficace que jamais.
Dusty est le nouveau meilleur ami de sa famille américaine lambda. Toujours là pour prendre soin de son intérieur pendant qu'adultes comme enfants vaquent à leurs occupations. Enfin, c'est surtout un robot intelligent qui anticipe tous leurs besoins : une tache sur le parquet ? Lessivée ! La litière du chat sur le tapis ? Aspirée ! Des cambrioleurs qui tentent de s'introduire dans l'appartement ? Heu ben... déchiquetés ? On vous le disait, rien ne lui résiste. C'est d'ailleurs dans cette dernière activité qu'il excelle. Taillé pour le job, Dusty est équipé d'une sirène d'alerte qui permet d'attirer l'attention des voleurs qui patrouillent dans l'appartement. Mais il peut également piloter les différents appareils connectés en un éclair pour déclencher un court-circuit, projeter un ventilateur à travers la pièce ou faire exploser des toilettes par exemple.Le premier niveau qui sert de tutoriel permet de s'en donner à coeur joie et de piéger les voleurs à deux balles façon "Maman, j'ai raté l'avion !" à l'aide d'une bonne demi-douzaine d'objets différents, et parfois même en combinant les uns et les autres (créer une flaque d'eau et l'électrifier, etc.). Surtout, une fois les humains KO, il ne faudra pas oublier de nettoyer tout ce bazar, les taches de sang et les cadavres qui gisent dans le salon avant le retour de la famille. Et là, on se délecte de déchiqueter les corps à la physique pétée avec notre brosse beaucoup trop efficace qui projette du sang partout dans la pièce. Voilà pour les basiques, et on ne vous parle même pas du pitch du jeu... Bon allez si : apparemment les nouvelles fonctionnalités de notre robot ne sont pas du goût de son créateur, FamilyCorp, qui dépêche chez vous une troupe de VIPs suivis d'un modèle d'aspirateur expérimental pour kidnapper la famille et mettre une rouste à Dusty. Encastré dans la télé suite à cette altercation, Dusty se retrouve projeté dans le néant télévisuel et doit errer accompagné par une étrange aura bienveillante qui va le guider dans sa quête de retour à la réalité. Un concept idiot donc, mais qui fonctionne bien et ne s'encombre pas d'une quelconque logique. Surtout que le jeu en rajoute une couche en misant un peu tout sur son système de scoring qui prend en compte à la fois l'accomplissement de vos objectifs, votre créativité destructrice et la qualité de votre nettoyage en fin de mission.
Les missions justement offrent quelques challenges. A chaque nouvel environnement virtuel visité, on débloque une activité supplémentaire : sauvetage des membres de la famille, annihilation de tous ennemis, protection des biens contre des vagues de voleurs, nettoyage de fond en comble en un temps limité, désamorçage de bombes et leurs variantes en 100% infiltré qui vous obligent à rester planqué sous les tables et meubles de l'environnement pendant toute la durée de votre run. Pour vous aider dans des tâches parfois pas évidentes, Justice Sucks propose également un système de compétences qui viennent se débloquer au fur et à mesure de vos accomplissements. D'un côté, l'éventail des capacités de Dusty s'agrandit avec notamment un trio de pouvoirs uniques souvent utiles pour renverser plusieurs ennemis d'un coup, de consommables (mines, glace, etc.) et de bonus offensifs. Enfin, on vous laisse le choix entre 3 habiletés passives (invisibilité temporaire, génération de sang accrue et j'en passe). Le sang a un rôle très important puisque c'est son aspiration qui permettra de faire monter les jauges de pouvoirs. Un moyen supplémentaire de pousser la créativité et la monstruosité.
Hélas, après une petite heure passée sur le jeu et malgré un gameplay très efficace manette en main, on voit bien que quelque chose cloche. On débloque beaucoup trop vite le panel de missions et les capacités du robot et on se rend vite à l'évidence, le concept de Roobo a du mal à survivre à une vraie suite. Déjà, le jeu ne compte que 4 environnements 1/2. Mais en plus on y fait trop rapidement tout le temps la même chose. Plutôt que d'avoir étoffé l'histoire comme ils le font dans le tout dernier niveau plus ouvert, on sent que les développeurs sont arrivés à bout et on préfère s'arrêter avant que leur objet visuel non identifié ne devienne pénible et répétitif. C'est déjà très bien en soi et on ne leur en veut pas pour ça, mais on aurait bien aimé voir ce qu'aurait donné une vraie campagne dans la peau de Dusty, avec peut-être plus de mécaniques d'infiltration et moins d'action décérébrée.
Alors oui, on arrive au bout de Justice Sucks en à peine plus de 2h30 et on reste un peu sur notre faim. Le jeu n'en reste pas pour autant très drôle, maniable et joue à fond sa carte de produit décalé jusque dans les cinématiques entre les niveaux qui présentent les différentes situations de tension avec toujours en toile de fond la famille martyrisée par ses ravisseurs. Et puis impossible de taire le thème musical du jeu, Galaxies interprêté par Monster Mansion qui déconstruit et réécrit spécialement pour le jeu un hit typé Backstreet Boys et se l'approprie de la meilleure des façons. Une vraie bonne bande originale des lundis matin embrumés qui met la banane pour la semaine, on en raffole !
Bizarre de bout en bout, Justice Sucks n'est peut-être pas la suite à Roombo: First Blood qu'on aurait espéré. Un peu court, son concept de scoring s'essouffle surtout beaucoup trop vite. En tout cas, il a le mérite d'exister et d'embarquer avec lui une poignée d'heures de bonne humeur déjantée et un thème musical juste génialement absurde.