TEST
Inertial Drift
Hasard du calendrier ou retour en grâce du genre, cette fin d’année 2020 est riche en jeux de course arcades, chacun se démarquant par son gimmick propre, du trip retro au rally top-down. Comme son nom l’indique, Inertial Drift s’articule autour du dérapage au travers d’une mécanique atypique utilisant les deux sticks analogiques, l’un contrôlant l’angle de braquage des roues, l’autre, la force latérale exercée sur le cul de la voiture par le gyroscope magique qui l’équipe.
Sous le capot, les chiffres
Si on se fit à la brochure, le jeu propose une pléthore de contenu, 20 pistes (autant qu’un Mario Kart), 7 modes de jeu, 16 voitures furieusement différentes et du multijoueur. Je ne vous cacherais pas que la perspective m’avait alléché et je me préparais déjà à écrire sur le miracle opéré par Level 91, ce micro-studio nord-irlandais capable de rivaliser avec les plus grands. Puis j’ai mis le contact, et j’ai vite déchanté : c’était du tuning de Fuego.Tout d’abords, les 20 pistes mises en avant : il y a en réalité 5 environnements distincts, chacun proposant un circuit « court » et une variation plus longue en réutilisant une partie, en étant quelque peu généreux, on peut effectivement parler de 10 pistes, mais je me refuse de considérer qu’un tracé parcouru à l’envers soit un nouveau circuit.
Pour les modes de jeu, on n’est pas loin de la même embrouille. Hormis le mode style qui met l’accent sur votre capacité à brûler de la gomme, tous sont des variations du contre-la-montre, tout simplement car le jeu ne gère pas les collisions entre les véhicules, et ne peut donc pas proposer de courses à proprement parler. Ça peut paraître acerbe mais le contenu proposé n’a pas à rougir compte tenu du prix demandé (moins de 20 euros) et du studio derrière, mais l’éditeur a semble-t-il quelque peu survendu le résultat.
Fast And Furiously Different
S’il y a bien un élément de communication qui n’est pas usurpé, c’est celui des voitures furieusement différentes. Ici se concentre toute l’essence du titre. L’éditeur pousse même l’analogie avec les différents personnages d’un jeu de baston et ce n’est pas volé : Passer d’une bagnole à l’autre demande un réapprentissage complet de la conduite, épreuve souvent frustrante car venant s’heurter à la mémoire musculaire développée sur le précédent bolide.Cette singularité n’est possible que par l’irréalisme du moteur physique du jeu, que certains qualifieront d’arcade, d’autre de totalement pété. C’est une sensation difficile à exprimer mais la démo (Sunset Prologue) permet de se faire une bonne idée en proposant d’un côté une petite sportive à la conduite souple et permissive et de l’autre un veau qui se traîne et semble bien incapable de tourner, pourtant, avec un peu de doigté, le blindé avale la route bien plus vite que son homologue.
Cuit trop vite dans un four trop chaud
Si le gameplay atypique sauve les meubles, il est difficile de faire fit de la faiblesse du contenu et de l’abondance de petits défauts, du mode histoire navrant aux musiques peu variées en passant par un manque général de finition. Ça transpire l’amour et la bonne volonté, mais quelques minutes de plus en cuisine n’aurait pas fait de mal.En coupant la bande son et en écoutant de l’eurobeat, il y a moyen de prendre son pied à optimiser sans cesse son chrono, en mémorisant chaque courbe et à choisir le meilleur véhicule pour chacun des tracés, mais hormis ce cas de figure, peu de chance que le maigre contenu ne vous tienne en haleine plus d’une poignée d’heure.