Guitar Hero
Avant même d'entrer dans le vif du sujet, il est important de souligner à quel point le jeu transpire l'amour du rock par tous ses pores, comme un bon gros roadie barbu : toute l'interface, la présentation globale, est une déclaration d'amour vibrante à ce qui participe au mythe du rock & roll, y compris par ses côtés parodiques, comme par exemple ces amplis gradués juqu'à 11 dans les réglages ou les écrans de chargement, qui ne manqueront pas de faire se bidonner les amateurs de Spinal Tap.
So you wanna be a rock superstar ?
Comme tout jeu de musique qui se respecte, Guitar Hero est livré avec son accessoire : après le tapis, les maracas, les bongos, voici donc la guitare, réplique fidèle - bien que réduite - de la Gibson SG. Malgré son côté un peu Playskool du fait de sa petite taille et des gros boutons colorés situés en haut du manche, l'engin bénéficie tout de même d'une finition irréprochable.
Le principe du jeu - très simple, mais pas simpliste pour autant - vous sera expliqué au cours d'un petit tutoriel rapidement expédié : là où la plupart des jeux musicaux vous demandent d'appuyer sur un bouton à la fois pour jouer une note donnée, il faudra ici coordonner les mouvements main gauche - main droite, comme un vrai gratteux : la main gauche vous servira à appuyer sur le ou les boutons du manche afin de choisir la note tandis que la main droite grattera les cordes afin de jouer la note en rythme. Enfin, les cordes, c'est beaucoup dire : les câbles d'une vraie gratte sont là aussi remplacés par une sorte d'interrupteur que vous pourrez monter ou descendre. On trouve également une whammy bar analogique, pour placer de la distorsion sur certaines notes. Le principe surprend un peu au début, du fait de la nécessité de vraiment coordonner ses deux mains, mais se révèle finalement très proche de ce que peut ressentir un guitariste débutant.
Start me up
C'est bien gentil tout ça, mais il est peut-être temps de monter sur scène, non ? Le mode Carrière est un véritable modèle de progression : le niveau Easy ne vous fera jouer que très peu de notes, tout au plus avec seulement trois boutons du manche, et sert à vraiment bien s'imprégner du fonctionnement. Le niveau Medium passe à quatre boutons, et on commence à avoir l'impression de vraiment jouer de la guitare. Le niveau Hard utilise tous les boutons et vous obligera donc à faire glisser votre main gauche sur le manche. Quant au niveau Expert, il vous forcera à réveiller le Steve Vai qui sommeille en vous, tant certains solos s'avèrent absolument monstrueux.
Votre carrière débutera donc dans une petite salle, et vos succès vous permettront de débloquer de nouvelles chansons (trente au total, plus une quinzaine que vous pourrez acheter à la boutique grâce à l'argent récolté lors de vos succès) et de nouveaux lieux pour vos concerts, allant de la petite salle de quartier jusqu'à un stade rempli de fans en délire.
Une fois la partie commencée, on se retrouve donc avec sur l'écran un manche de guitare vu en perspective, sur lequel descendent des ronds de couleurs différentes, symbolisant les notes à jouer. À vous d'appuyer sur la touche correspondant à la note en question, sachant que pour la jouer il faudra la gratter de la main droite. Certaines vous demanderont d'appuyer sur plusieurs touches en même temps pour jouer un accord, ou de garder la touche enfoncée pour faire durer la note, ce qui donne alors l'occasion de se servir de la whammy bar pour grapiller quelques points en plus. Il existe quelques techniques spéciales, deux pour être exact, le hammer on et le pull off, permettant d'enchaîner une succession de notes très proches en ne pinçant que la première et en jouant les suivantes uniquement à l'aide de la main gauche. Ces techniques deviendront quasi-indispensables pour les pires solos de la fin du jeu, à moins de disposer d'une main droite bionique (ou entraînée par de longues années de solitude sexuelle, cf. l'introduction de ce test).
La comptabilisation des points est basée sur un système de combos on ne peut plus classique : enchaînez les notes, et le multiplicateur de score monte jusqu'à quatre. Au premier couac, il retombe à zéro. Plantez-vous sur trop de notes, et votre jauge de succès (allant du rouge au vert), virera au rouge clignotant, juste avant que la chanson ne s'arrête et que vous sortiez de scène sous les huées d'un public furieux.
Vous verrez également en cours de partie certaines notes descendre sous forme d'étoiles : enchaînez-les sans vous planter, et vous ferez grimper votre jauge de Star power. Une fois celle-ci remplie, mettez votre guitare à la verticale (mouvement détecté par le capteur gyroscopique planqué dans l'engin), et le Star power se déclenche : le multiplicateur de score est alors doublé, les notes virent toutes au bleu histoire de corser l'affaire, et le public se déchaîne. Ce "coup spécial", qui permet de faire grimper le score en flèche, peut également vous sauver d'une mort certaine puisque votre jauge de succès remonte alors à vitesse grand V.
I love rock & roll
D'un point de vue visuel, le jeu ne fait clairement pas crouler la PS2 sous les polygones, c'est un fait. Mais il n'est pas moche pour autant, et arrive à retranscrire parfaitement une ambiance rock & roll de tous les instants, aussi bien au niveau des différents écrans de l'interface (setlist griffonnée sur un bout de papier, articles de journaux résumant votre prestation, couvertures de magazine...) que pendant la partie en elle-même, même si le joueur n'y fera pas forcément trop attention : on peut ainsi voir le groupe se démener sur scène, le chanteur (ou la chanteuse, le cas échéant) remuer les lèvres en rythme, mais surtout le gratteux jouer les notes et bouger les mains en fonction de ce que vous jouez réellement. Ca n'a l'air de rien dit comme ça, mais tant de petits détails qui passeront la plupart du temps inaperçus, sont le reflet d'un travail de pro, là où la plupart des jeux musicaux se contentent d'une pauvre animation crado en fond d'écran.
Plus importante encore que l'aspect visuel, la partie sonore est elle aussi irréprochable. Les trente chansons ne sont certes pas reproduites dans leur version originale du fait de la nécessité de bien séparer la ligne de guitare du reste, mais les reprises sont d'une fidélité à toute épreuve : les instrumentations frôlent la perfection, et les parties vocales sont elles aussi très réussies, bien loin de ce que l'on a l'habitude d'entendre. Red Octane a vraiment accompli un boulot incroyable à ce niveau. On retrouvera donc pêle-mêle du bon gros heavy avec des titres de Ozzy Osbourne, Megadeth, ZZ Top, Black Sabbath ou Pantera, mais également quelques titres plus softs avec les Ramones, Bad Religion, Incubus, Queen ou Bowie. Que du beau monde, et il y en a pour tous les goûts, ou presque.
Merci à jeuxvideo.com pour les images