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Un Rédacteur Factornews vous demande :

 
TEST

Guardians of the Galaxy

Nicaulas par Nicaulas,  email  @nicaulasfactor
Développeur / Editeur : Telltale Games
Si vous avez écouté le Quickload consacré à l’Indiecade, vous devez avoir déjà une petite idée du contenu de ce test : cette version des Gardiens de la Galaxie, et plus généralement la recette Telltale, était alors le flop choisi par l’auteur de ces lignes. Du moins les deux premiers épisodes, qui laissaient présager un jeu dans la lignée des productions récentes du studio : techniquement à la rue, redondant, mal écrit et poussif. Ayant  enfin terminé la saison complète, on va pouvoir répondre à la question que personne ne se pose : un miracle s’est-il produit dans les épisodes 3, 4 ou 5 ?

I am groove

Comme le faisait remarquer à juste titre Boulapoire lors du Quickload, l’un des gros intérêts des Gardiens de la Galaxie (des films, en tous cas), c’est la mixtape. Commençons donc par ça : pour essayer de tenir la comparaison avec les « Awesome Mix » des films, Telltale a fait un petit effort et composé un « Rad Mix » de neuf titres des années 70 et 80. C’est un poil chiche quantitativement (les mixtapes des films contenait chacune une douzaine de chansons), mais la qualité nous semble au rendez-vous. On vous laisse juge avec cette playlist Youtube, qui permettra également de donner à la lecture de ce test une couleur émotionnelle incomparable.
 
 

Certes, « Livin’ Thing » d’Electric Light Orchestra, qui sert de thème de menu et de thème principal par défaut, finira par vous sortir par les yeux, mais on notera que les autres chansons sont relativement bien insérées. Pas de surprises majeures, c’est comme dans les films : les plus rythmées viennent appuyer des scènes d’action, les plus tranquilles servent pour les fins d’épisodes ou les scènes de réconciliation. On a dit « relativement bien insérées », pas « utilisées de manière originale ou intelligente », hein. Il ne faut cependant pas être mauvaise langue : une ou deux scènes d’action fonctionnent assez bien grâce à cette bande-son. On pensera par exemple à une scène où le Milano se fait courser par un ver géant de l’espace sur fond de « Stone Cold Crazy » de Queen. Ou au combat final dans lequel « Crazy on You » des Heart est étonnamment redoutable.

Raton blagueur

D’ailleurs, quitte à faire comme dans les films, Telltale met le paquet sur les punchlines et les blagues, en jouant sur les caractères particuliers des Gardiens (Drax est premier degré, Rocket cynique, Peter est un gros con…) Même s’il est possible d’incarner un Peter Quill plutôt sage et/ou émotif en sélectionnant les réponses adéquates dans les dialogues à choix multiples, aucune scène n’est complètement sérieuse de bout en bout. Héros et ennemis n’arrêtent pas de se balancer des piques ou de briser le quatrième mur, et quand ce n’est pas avec une punchline, c’est un gag visuel qui prend le relais, notamment avec des QTE non punitifs qui déclenchent une animation rigolote quand on les rate (exemple : Drax qui saute d’un promontoire pour attaquer un ennemi par le haut, si on rate le QTE il fait un plat sur le sol et la scène continue).



C'est très souvent lourdingue as fuck (rien que le premier épisode recycle trois fois la blague du « pfioulala ça prend du temps de faire ce qu'on est en train de faire alors que dans un film ça prendrait trois secondes *silence gêné pendant que Rocket fait une blague par dessus la blague* »). Mais au milieu de ce déluge, forcément, quelques punchlines arrivent à faire mouche. Notamment parce que le jeu a pour lui un excellent acting, probablement le meilleur tous jeux Telltale confondus. Chaque personnage ayant plus d’une ligne de dialogue a bénéficié d’un vrai soin dans le casting (avec le renfort d'acteurs réputés, comme Ashly Burch qui vient doubler Nebula) et la direction d’acteur. La performance est d’autant plus remarquable que la consigne de départ devait être « imitez les voix des films ». La récente affaire des voix française de South Park l’Annale du Destin prouve que ça aurait pu très, très mal tourner. Il n’en est rien. Les voix sont certes calquées sur leurs équivalents cinématographiques, mais on n’a pas l’impression d’entendre leurs versions Leader Price, simplement des versions alternatives, respectueuses des originaux tout en cultivant leurs différences.

Apollo Kree

Cette distance-prise-par-rapport-aux-films-mais-pas-trop se retrouve également dans l’amorce du scénario : le jeu démarre par la mort de Thanos, rétamé par notre équipe de héros au moment où il récupérait la Forge de l’Eternité, un artefact capable de ressusciter les morts et qui servira de McGuffin tout au long des cinq épisodes. Ainsi évacué, le gros méchant du MCU laisse sa place à Hala, une extraterrestre Kree qui veut récupérer la Forge pour redonner vie à l’empire Kree, et à son fils par la même occasion. En parallèle, on explore le passé des Gardiens via des flashbacks. Tous ayant perdu des êtres chers à leurs cœurs qu’ils aimeraient faire revivre grâce à la Forge, cela justifie le ressort narratif « l’équipe s’entredéchire tout du long mais se réconcilie pour le combat final », directement importé des films également.



Plus généralement, à trop vouloir coller aux blockbusters dont il est le produit dérivé, le jeu en reprend les pires défauts d’écriture. Les personnages sont plus des starters de blagues que des personnages, le loufoque permanent des situations créent des trous énormes dans la narration, et lorsque quelque chose de plus sérieux se produit, on a toutes les peines du monde à y croire. De ce point de vue, l’idée d’axer l’histoire sur le deuil et la narration sur des flashbacks est stupide. Certes, tout ou presque est canon, mais le premier degré de ces passages les rend trop souvent gênants, voire ridicule. En plus, comme on incarne les personnages concernés durant les flashbacks, de vraies dissonances apparaissent entre la manière dont les Gardiens se comportent la majeure partie du temps (où on incarne Peter) et la manière dont on les incarne lors de ces séquences.

Tool est fini

Côté gameplay, rien de neuf sous le soleil. L’immense majorité du temps, on suit des cinématiques interactives avec dialogues à choix multiples pour les phases calmes, et QTE pour les combats. De temps en temps, une phase d’enquête inspirée du récent Batman de chez Telltale vient ralentir la progression (et ça fonctionne : c’est tellement poussif que ça ralentit la progression). A intervalles réguliers, il faut faire des choix (vendre le corps de Thanos au Collectionneur ou aux Cohortes, poursuivre Rocket ou Nebula, inviter ou pas un nouveau dans l’équipe, etc.) Il est cependant à noter que, comme dans la saison 3 de The Walking Dead, Telltale tient enfin sa promesse de l’histoire qui s’adapte à notre façon de jouer : l’arbre narratif est plutôt touffu et vos choix (dans tous les épisodes d’ailleurs) vous orienteront vers des péripéties singulièrement différentes. Bon, à la fin la galaxie est sauvée et tout le monde boit un coup au bar quelques soient vos choix, mais le chemin pour en arriver là (et l’état des personnages croisés dans le jeu) diffèrera d’une partie à l’autre.



Malheureusement rien de neuf non plus pour la technique. Hasard du calendrier, Telltale a annoncé une restructuration et l’abandon de son Telltale Tool (qui en était à sa v27 au moment du développement de ce jeu) pour basculer sur des outils plus performants. Il était plus que temps : sans moteur physique, tout est placé et déplacé à la main, et pour adapter un univers aussi punchy et dynamique que les Gardiens de la Galaxie, ça pose problème. Les animations sont poussives, les effets limités, et même si certaines textures font illusion (la peau de Drax ou celle de Gamora), beaucoup trop de détails sont choquants. Mention spéciale aux coiffures Playmobil et aux poils en plastique de Rocket. Ajoutez-y la pelletée de bugs habituels (collisions, modèles en lévitation ou qui se téléportent…) et les cache-misères (jumpcut, utilisation de matte paintings…), et vous obtenez du Telltale classic shit. Vivement les nouveaux moteurs (si on devait parier, on mettrait une petite pièce sur Unity).
Pas vraiment de miracle pour les Gardiens de la Galaxie : avec une recette éculée alourdie par une technique à la ramasse, cette saison 1 est oubliable malgré une belle variété d’histoires alternatives. D’autant qu’elle reprend les pires défauts des films, comme l’écriture maladroite remplie de trous béants et de blagues forcées. Heureusement, elle en reprend aussi les meilleurs atouts, comme la science de la mixtape, quelques punchlines efficaces et un acting de bon niveau, et les quelquefois où tout fonctionne ensemble donnent des passages plutôt cools. C’est faiblard, mais pas si désagréable au final, et si vous avez aimé les films il y a une petite chance que ça vous plaise.

SCREENSHOTS

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