Forza Motorsport
Au premier lancement de Forza Motorsport, on ne peut pas dire qu’on est vraiment dépaysé : un mode arcade, constitué de courses simples détachées les unes des autres, et un mode carrière dans lequel on devra gérer son garage (et son portefeuille). Commençons donc par l’arcade, afin de se donner une idée des sensations de conduite. Hop, on choisit un circuit, un véhicule et c’est parti.
Sur la piste
Je suis sur la ligne de départ, entouré de sept concurrents à attendre le feu vert pour me lancer. Ca y est, tout le monde démarre et c’est finalement assez calme : l’intelligence artificielle semble avoir compris que chercher le contact dès le départ n’est pas nécessairement la meilleure stratégie envisageable. J’arrive tranquillement en tête au premier virage, une épingle à cheveux et commence mon freinage avant de tourner. Tout se fait de manière fluide et aisée, un peu trop même et les transferts de masse sont bien discrets. Le jeu des suspensions est graphiquement invisible, et je n’ai en sortie pas besoin de contre-braquer. Une accélération tardive fait cependant que le second commence à s’approcher dangereusement de moi. Un deuxième virage se présentant bientôt, celui-ci a le bon goût de ne pas tenter de dépassement kamikaze « à la Gran Turismo » et préfère attendre sagement. Ca semble très naturel, mais Forza Motorsport est en fait un des rares jeux où l’IA n’ignore pas complètement le joueur, et ça mérite d’être souligné.
Après que je me suis fait dépasser, la pression me force à prendre des risques, en mordant un peu sur les chicanes ou en me permettant des sorties de virages « généreuses », dirons-nous. Là, je constate que mes maladresses sont sanctionnées par une pénalité sur le chronomètre, à la manière d’un Moto GP : Ultimate Racing Technology 2. Et puis j’ai le malheur de laisser dépasser un pneu sur la terre lors d’une accélération brusque : la différence d’adhérence par rapport au bitume me fait irrémédiablement terminer le tournant en tête-à-queue. Je me retrouve coincé, en plein milieu de la route en sortie de virage. La première bonne impression concernant l’IA se confirme : le peloton essaye de m’éviter et s’en sort plutôt pas mal, à l’exception du dernier participant qui viendra me percuter alors que je tentai de redémarrer sans trop prêter attention au positionnement des autres pilotes. Je suis obligé de constater que mon aileron arrière n’est plus de ce monde, que ma carrosserie est partiellement détruite et que mon véhicule n’arrive plus à rouler droit. S’il est toujours possible de finir la course, je préfère m’arrêter là, ayant perdu tout espoir de victoire.
Gran Turismou
Par rapport à un Gran Turismo, on peut donc observer quelques améliorations, au niveau de l’IA notamment qui pensera a éviter les accidents et ne suivra pas débilement sa trajectoire initiale en toutes circonstances. Ensuite, l’ajout d’une gestion des dégâts change la manière de conduire : il est possible d’endommager son moteur, la carrosserie ou la direction de son véhicule par exemple, et chaque élément partiellement détruit entraînera des modifications de la conduite du véhicule. Visuellement, c’est assez bien représenté même si tout reste bien trop léger. Cet élément, combiné à un système de pénalité sur le chronomètre sanctionnant les sorties de route oblige le joueur à avoir un comportement plus prudent et il est inutile d’espérer s’appuyer sur ses rivaux ou sur des murs dans les virages. Mais si la conduite est globalement agréable et instinctive, les sensations procurées ne sont pas à la hauteur de ce qu’on pouvait espérer. L’impression de vitesse est mal rendue, les transferts de masse ne sont pas assez importants et dans l’ensemble tout est bien mollasson en comparaison avec la série de référence.
Ce n’est d’ailleurs pas le seul point souffrant de la comparaison, le mode carrière étant en effet bien moins intéressant. Celui-ci ne comporte pas de permis mais utilise un système de niveau du pilote : en remportant des courses vous gagnerez des crédits qui en plus de vous permettre d’acheter des véhicules et de les améliorer servent à vous faire monter de niveau, niveau qui donne accès à des courses spécifiques. Si ça peut avoir l’air intéressant sur le papier, c’est en pratique bien rébarbatif : la progression est en fait assez linéaire à cause de cela, et on ne peut participer à des courses intéressantes qu’à partir du niveau 25 sur 50. Il est très frustrant d’avoir les moyens de s’acheter un bolide et de l’améliorer sans avoir accès à une seule course où il est autorisé. Pour cela, on doit participer à des compétitions toutes plus ennuyantes les unes que les autres et autorisées uniquement à des veaux : limitation aux américaines de série d’avant 1975, aux voitures de classe D (la plus basse), aux Porsche 911 de série, etc.
Le plus gênant là dedans n’est pas tant le fait de devoir conduire avec des véhicules lent mais plutôt que les restrictions sont dans l’ensemble bien mal conçues. Prenons l’exemple d’une série de courses où l’accès n’est autorisé qu’aux Porsche 911 : trois séries sont présentes dans le jeu, à savoir la série classique, la GT3 et la GT2. Le problème vient du fait que cette dernière est de loin la plus efficace et qu’il est pratiquement impossible de gagner si on n’en conduit pas une alors qu’un adversaire l’utilise. Et bien entendu, le seul moyen d’obtenir ce véhicule est de remporter le championnat en question. Résultat : j’ai été obligé de baisser le niveau de difficulté pour pouvoir continuer. Si c’est un cas à part que je n’ai retrouvé qu’une fois au cours du jeu, l’équilibrage est globalement à revoir car il existe pour chaque compétition une voiture « ultime ». Ca confirme la première impression de linéarité et on se retrouve contraint de respecter un ordre de tournois précis. Simplement frustrant.
Peti Tourismo
D’autre part, on ne peut que reconnaître que Forza Motorsport manque de contenu face à, au hasard, Gran Turismo 4: sur les 250 véhicules on retrouve beaucoup de clones (il doit y avoir quatre déclinaisons de la Dodge Viper), l’absence de permis à passer fait que le jeu ne se limite qu’à de la course et le nombre de circuits est assez faible. Ceux-ci sont par ailleurs inégalement intéressants et si certains sont plaisants à jouer, d’autres au rythme mal étudié sont au contraire bien lourds.
Mais malgré beaucoup de lacunes notamment au niveau de sa conception et d’une conduite monotone, Forza Motorsport arrive à intégrer des éléments inexistants dans la concurrence. Il est en effet possible de customiser l’apparence de son véhicule en appliquant des vinyles ou en modifiant certaines pièces comme les pare-chocs ou les ailerons, à la manière d’un Need for Speed Underground ou d’un Midnight Club. Autre nouveauté : une option appelée « drivatar ». Similaire dans le principe au mode IA de Virtua Fighter 4, vous devrez ici apprendre à un pilote virtuel à conduire pour qu’il puisse ensuite vous remplacer dans les compétitions. Pour cela, celui-ci observera votre comportement sur des circuits et s’en inspirera. Très amusant, cinq minutes. Plus intéressant, une option multijoueur via le Xbox Live! est présente et s’intègre à la carrière du pilote en permettant de gagner des crédits.
Techniquement, Forza Motorsport présente de l’excellent et du quelconque : les véhicules sont sublimes, certains effets très esthétiques comme le bump-mapping appliqué sur le bitume, mais les décors sont généralement assez pauvres et quelconques. En revanche, rien n’est à déplorer au niveau de la fluidité où le jeu conserve un framerate constant et élevé. L’ambiance sonore par contre est simplement minable, avec des bruits de moteurs aussi sourds qu'irréalistes, des crissements de pneus peu crédibles et des musiques à la limite du supportable qu’on s’empressera de désactiver.
Merci à Xboxlive.fr pour les screenshots