TEST
Donkey face à la froideur de la Wii U
par Damien,
email @damien_furst
C’est le poil plus soyeux que jamais que le grand Donkey revient aujourd’hui sur le devant de la scène, avec, attention, le tout premier épisode en HD de la série. Car contrairement à son très sympathique aîné sorti sur Wii en 2010, ce Donkey Kong Country Tropical Freeze va enfin nous permettre de profiter du talent de Retro Studios dans un jeu à la définition non cancérigène pour nos pupilles.
Je ne sais pas vous, mais quand je pense aux exclusivités Nintendo, j’ai toujours cette confiance quasi-surnaturelle qui commence à naitre en moi. Non pas parce que je suis un fanboy, mais plutôt parce que je retrouve à chaque fois ce savoir-faire et cette attention du détail que les jeux d’aujourd’hui ont quelque peu tendance à oublier. Une culture du level design toute particulière où le plaisir du jeu n’a pas son pareil. Et ce Donkey Kong là ne déroge pas à la règle : il s’agit d’un putain de vrai jeu de plateforme.
Famille de Kong
N’attendez pas de ce Donkey Kong un titre révolutionnaire. On se retrouve ici face à une structure et un gameplay complètement dans le style de l’épisode sorti sur Wii. L’aventure est déclinée en 6 mondes, chacun proposant une ambiance qui lui est propre. Si les cocotiers et autres bananes inhérents au thème habituel de la jungle parsèmeront très régulièrement votre chemin, vous allez également voir du pays. Sous l’eau, sur la glace, au beau milieu d’une tempête, ou encore même au coeur d’une forêt enflammée, Donkey va devoir se démener dans des environnements très variés. Un fait justifié par l’intrigue initiale puisque l’île de nos chers et tendres singes a été attaquée par des Frigoths, une armée de Vikings soufflant le froid et le chaos sur son passage.
Et pour remettre les choses en l’ordre, Donkey va, pour la première fois, faire appel à trois de ses comparses familiaux : Diddy, Dixie et Cranky. Comme Retro fait bien les choses, chacun est doté de ses propres caractéristiques. Diddy permet de rester dans les airs pendant quelques secondes supplémentaires après avoir sauté, grâce à son jet-pack ; Dixie permet, après un saut, de monter encore un peu plus haut, grâce à sa chevelure divine ; et Cranky utilise quant à lui sa cane pour effectuer des super sauts, tout en écrasant tout ce qui se trouve en-dessous. Ces personnages secondaires apportent de la variété à un gameplay pourtant déjà très inspiré, tout en faisant office de véritables power-ups. Leurs capacités, utilisées à bon escient, permettent en effet de sortir de bien des situations délicates.
Wake up! Time to die!
Et des situations délicates, soyez-en sûrs, vous allez en trouver une tétrachiée. Ce Donkey Kong a été imaginé comme les titres 16 bits de notre enfance, c’est-à-dire en considérant le joueur comme un être humain doté de compétences, telles que la capacité de raisonnement et la dextérité, et non pas comme un débile adepte de pan-pan boom- boom en couloirs. Il en découle une expérience sans concession aucune, particulièrement difficile, mais ô combien jubilatoire et gratifiante. Car si on peut effectivement reprocher au titre de Retro Studios certains niveaux un poil mal équilibrés, et des boss peut-être un peu trop long à terrasser, il faut reconnaitre à ce Donkey Kong un level design exceptionnel d’intelligence associé à une jouabilité quasi-parfaite. Tout est ici amené avec finesse, si bien que le côté die and retry, parfois rebutant, pousse ici le joueur à se surpasser en permanence.
Evidemment, un Donkey Kong sans ses niveaux annexes ne serait pas un vrai Donkey Kong. On retrouve ainsi les célèbres phases en chariots miniers, un peu dépoussiérées pour l’occasion puisque la caméra ira parfois changer d’angle, pour nous proposer une vue en 3D isométrique ou une vue du dessus. Les tonneaux propulsés sont aussi de la partie, et devraient rendre vos mains moites pendant de longues minutes. Les niveaux sous-marins, déjà présents dans les anciens épisodes, font également leur retour.
Souvent magnifiques, ces scènes modifient considérablement la maniabilité de Donkey, à cause d’une inertie bien plus importante que sur la terre ferme, tout en apportant un sentiment de fraicheur à l’expérience.
Souvent magnifiques, ces scènes modifient considérablement la maniabilité de Donkey, à cause d’une inertie bien plus importante que sur la terre ferme, tout en apportant un sentiment de fraicheur à l’expérience.
Hakuna Matata
Visuellement, Tropical Freeze est une petite merveille. La haute définition associée aux capacités techniques de la Wii U offrent à Donkey et ses copains une fourrure plus belle que jamais. Alors oui, il s’agit « juste » d’un jeu de plateforme vu de côté, mais la qualité des différentes textures, effets et décors laissent entrevoir de très belles choses à l’avenir pour la console de Nintendo. D’un point de vue artistique, le jeu de Retro Studios arrive nous flatter à la fois la rétine et les tympans, grâce à un renouvellement perpétuel et des références de goût : Le Roi Lion, Metroid ou Rayman figurent ainsi parmi la flopée des petits clins d’oeil du jeu.
Terminons ce tour d’horizon en évoquant les quelques tares du titre, à commencer par ce mode 2 joueurs en coopération complètement raté. Si le premier joueur contrôle toujours Donkey, le second dirige quant à lui l’un des personnages secondaires, à savoir Diddie, Dixie ou Cranky. La progression aurait pu être du coup plus amusante et facilitée, mais il n’en est rien, à cause d’une quantité incroyable d’incohérences. On citera parmi elle le fait qu’une mort de l’un des protagonistes vous ponctionnera non pas une mais deux vies, ou encore la réapparition du défunt gérée de façon stupide, puisque l’endroit de respawn n’est pas contrôlable. Si vous mourrez au-dessus du vide, un tonneau avec votre personnage réanimé apparaitra au-dessus de ce même vide, sans que vous puissiez y faire quoique ce soit. Très con donc.
Enfin, Tropical Freeze met en exergue le paradoxe de la Wii U en zappant purement et simplement l’écran du gamepad. Un choix particulièrement étonnant pour un titre édité par Nintendo, qui aurait dû, selon toute logique marketeuse, chercher à promouvoir la principale valeur ajoutée de sa console avec ses exclusivités. Qu’importe, puisque finalement, l’absence de fonctionnalités dédiées à l’écran tactile de manquent absolument pas, tant le tableau brossé atteint l’excellence sur bien d’autres aspects.
Enfin, Tropical Freeze met en exergue le paradoxe de la Wii U en zappant purement et simplement l’écran du gamepad. Un choix particulièrement étonnant pour un titre édité par Nintendo, qui aurait dû, selon toute logique marketeuse, chercher à promouvoir la principale valeur ajoutée de sa console avec ses exclusivités. Qu’importe, puisque finalement, l’absence de fonctionnalités dédiées à l’écran tactile de manquent absolument pas, tant le tableau brossé atteint l’excellence sur bien d’autres aspects.
Ceux qui connaissent la série ne seront certainement pas impressionnés par les nouveautés de cet opus, mais le tout est tellement millimétré qu’il est franchement difficile de faire la fine bouche face à ce level design qui sent bon la maitrise. Outre son mode 2 joueurs visiblement ajouté à la va-vite, Donkey Kong Tropical Freeze représente tout simplement le genre plateforme dans son expression la plus authentique.