Dead Rising
Mais, pas si vite. Avant de commencer, il est bon de préciser une chose importante : Dead Rising n'est pas le jeu que vous imaginiez. Vous pensiez à un bête beat'em all, avec un début, une fin, des checkpoints en cas d'échec, un scénario pour donner un peu de substance à un nettoyage de zombies, avec par ci par là des missions secondaires pour varier les plaisirs ? Et bien non. Prenez une feuille blanche, et commençons.
72H Chrono
A bord d'un hélicoptère, nous découvrons Frank West, photographe à la recherche du scoop, ainsi que son pilote. Après un survol d'une petite bourgade américaine, ce dernier lâche notre reporter sur le toit d'un centre commercial, unique point d'attraction de cette ville de rednecks dont l'occupation principale semble être désormais de foutre le bordel. Après une premier inspection, Frank West découvre que les lieux sont infestés de zombies, rentre en contact avec les premiers survivants et rejoint tout ce beau petit monde qui se barricade dans une zone sécurisée du mall. Des zombies ? Pourquoi ? Comment ? Combien ? La seule chose sûre : l'hélico sera de retour dans 72 heures et d'ici là, il va falloir s'occuper et surtout, survivre.
Autant prévenir tout de suite, les premières heures de jeu de Dead Rising sont difficiles, décourageantes, voire même souvent frustrantes. Lorsque l'on commence le jeu, on s'élance dans le centre commercial avec la ferme intention de dessouder du zombies, mais voilà, Frank West est aussi sportif et doué qu'un geek planté devant son ordinateur depuis la sortie de World of Warcraft. Du coup, les points de vie fondent comme neige au soleil et les quelques cases de l'inventaire ne suffisent pas pour emporter assez d'armes et de nourriture pour organiser un vrai raid punitif. Afin de remédier à celà, de nombreux moyens sont mis à la disposition du joueur. Avant tout, pour faire progresser physiquement le personnage, il faut gagner des niveaux. Comment ? Il suffit remplir la barre de progression, en marquant des PP, les Points de Prestige. Pour ce faire, il va falloir user de l'appareil photo, en prenant des clichés remplis de zombies, morts ou encore plus morts, en train de répandre leur sang, escorter des PNJ, faire des petites actions débiles au sein de l'aire de jeu et le leveling de notre bonhomme va être l'un des premiers jeux dans le jeu, et surtout l'un des points centraux du gameplay.
A partir de là, le joueur est libre. Libre de jouer et d'évoluer comme il l'entend. Mais tous les "manières" de jouer vont se recouper, se compléter. On veut s'élancer dans le centre commercial pour mettre une patée à ces stupides zombies ? Pas de problème, mais avec la limitation du départ du perso, la durée de survie est très courte. Alors, pour massacrer efficacement et méticuleusement, il va falloir beaucoup de vie et un large inventaire. Pour y parvenir ? Marquer des PP pour faire évoluer le personnage. Pour ça, réaliser des escortes et les cas. Pour les réaliser, il va falloir se dépêcher et là, on se heurte à cette marée mouvante que sont les zombies. Un véritable obstacle plus qu'un adversaire, ces derniers étant incarnés par les différents boss, les psychopathes, que l'on rencontre à certains moments clés du scénario. L'autre adversaire, c'est le temps, puisque chaque escorte et CAS doivent être réalisés dans le temps imparti. Dead Rising est un jeu dans lequel on échoue souvent. Le système sauvegarde avec son unique slot n'est là que pour permettre de stopper et reprendre une partie en cours, mais rarement pour rattraper une partie qui tournerait mal. Toutefois, lorsque l'on meurt, il faut choisir entre recharger la sauvegarde ou recommencer le jeu. Ce qu'il faut savoir, c'est que lorsque l'on choisit de recommencer, le niveau et les PP déjà acquis sont repris dès le début de la nouvelle partie. Et bien souvent le gain effectué au niveau des PP depuis la dernière sauvegarde est tel qu'il sera bien souvent plus profitable de recommencer le scénario. Ainsi, au fur et à mesure des parties, le jeu va s'étoffer, devenir plus agréable à jouer car le skill du joueur aura progressé, parce qu'on connaît mieux au fil des parties l'emplacement des armes et objets, l'agencement du mall, etc, mais aussi celui du personnage, qui aura toujours plus de coups à sa disposition, plus de points de vie, un inventaire plus conséquent.
Au final, après plusieurs heures où l'on aura bien profité du terrain de jeu qu'offre le centre commercial, on pourra alors s'attaquer sérieusement aux cas, afin d'en savoir plus sur la trame principale, tout en secourant les différentes personnes se trouvant dans le mall et en les laissant nous accompagner parfois pour nous prêter main forte, en leur refilant quelques armes conservées spécialement pour eux dans l'inventaire. Le mall devient alors un immense terrain de jeu. Les zombies, qui étaient jusqu'à maintenant plus des obstacles hostiles, deviennent alors une source d'amusement aux possibilités innombrables. Au fur et à mesure que le niveau de Frank progresse, divers coups sont réalisables, permettant de s'en tirer à mains nues là où une arme était indispensable au départ. Ensuite, il est possible de se tourner vers les centaines d'objets utilisables que l'on peut ramasser partout dans le centre commercial, et là, tout y passe : couteau, barre de fer, matraque, ballon de foot, batte de base-ball, caddie, tondeuse à gazon, parasol, guitare électrique, et autres jouets, articles de sports ou objets de construction, tout un tas d'objets qui serviront bien sûr un tout autre dessein : latter du zombies. En plus des objets offensifs, on croise de nombreux mets afin de se refaire une santé. Mieux, il sera possible de les combiner dans un mixer, par exemple, afin d'augmenter leur efficacité ou même leur donner d'autres attributs : le personnage peut devenir intouchable, un appât à zombies ou encore rendre un simple crachat mortel pour les zombies. De nombreuses combinaisons à découvrir afin de se faciliter la tâche, et de fait, servir à provoquer d'encore plus énormes massacres de zombies.Un million de zombies, et moi, et moi, et moi
Un fois le jeu bien pris en main, avec un Frank West pouvant encaisser un nombre correct d'attaques sans devoir faire des allers/retours à la cuisine et capable de porter un nombre suffisant d'objets, la partie beat'em all du jeu devient alors un vrai régal, avec des possibilités réellement nombreuses, originales et parfois même très drôles ; bref, c'est de la jubilation pure et dure. Il est alors temps de passer aux choses sérieuses, se lancer dans la trame principale tout en réalisant un maximum d'escortes, que l'on aura appris à gérer, tant au niveau du timing que sur la manière de les résoudre. Car tout ne se passe pas si facilement. Si les cas nous mettent nez à nez avec des boss, les personnes égarées dans le centre commercial et qu’il faut escorter ne sont pas toutes enclin à nous suivre. Et c'est les nombreuses parties réalisés jusque là qui nous aurons appris à les gérer pour finalement savoir exactement quoi faire le moment venu, tout en gardant un bon timing.
Ensuite, pour ne pas parler que des aspects réussis de Dead Rising, il faut bien aborder quelques défauts. L'aspect photographie reste quand à lui assez gadget puisqu'il servira dans certains endroits précis, à découvrir, pour marquer beaucoup de PP mais l'aspect reportage s'en trouve amoindri puisque seuls des lieux ou situations clés permettront de vraiment ramener le pactole. Ensuite, l'aspect cour de récré et la totale liberté offerte au joueur peuvent en perdre certains, qui ne savent ni par où commencer, ni comment procéder. Dead Rising devient alors une expérience frustrante, les zombies faisant bien galérer, le temps faisant bien monter le stress, les échéances des cas fondant comme neige au soleil, le système de sauvegarde étant ce qu'il est, on frôle parfois la crise de nerf, et le télescopage de manette dans un mur. Ah, et dans le genre stressant, il y a Otis. Vous savez, le gars qui file les escortes à réaliser, par téléphone. Ce gros lourd appelle toutes les cinq minutes et la sonnerie est tout ce qu’il y a de plus crispant. Si on ne décroche pas, il rappelle ; si on raccroche, pour finir d’éclater un zombie par exemple, et bien il rappelle aussi. Et bien sûr, impossible de couper, ou même de changer cette sonnerie. Une horreur.
Pour finir, un petit mot sur l'aspect technique du jeu, qui finalement passe au second plan tant tout le reste attire toute notre attention. Même si Dead Rising n'est pas dans la catégorie "décollage de rétine permanent", il assure tout à fait d'un point de vue graphique, les textures pour les différents lieux et magasins étant très variées, les zombies parfois présents par centaines à l'écran sans qu'aucune baisse de framerate ne se fasse sentir, et en se permettant de s'offrir une modélisation et une animation des personnages tout à fait remarquable, laissant paraître toutes les émotions. Gros point noir toutefois, et là c'est carton rouge pour Capcom, le jeu n'ayant pas subit de test sur des téléviseurs ne supportant pas la haute définition, beaucoup de textes et dialogues sont illisibles et la correction du problème ne semble pas à l'ordre du jour. Un scandale.