TEST
Day of Defeat : Source
par CBL,
email @CBL_Factor
Historiquement, Half-Life ne fut pas le premier jeu a être moddé. Mais ce fut le premier où le succès des mods fut tel qu’il y eut presque plus de gens qui achetèrent le jeu pour jouer en multi à ces mods plutôt qu’à la campagne solo. Deux d’entre eux sortaient tellement du lot que l’équipe de développement fut intégrée à Valve et que les mods sortirent en boîte : Counter-Strike et Day Of Defeat. Quand Half-Life² fut rendu public, tous les fans attendaient avec impatience une nouvelle version de leurs mods favoris...
Day of Defeat : Source est sorti fin septembre 2005 et il est possible de l’acheter sur Steam ou en boîte pour une vingtaine d’euros. En parler presque un an après sa sortie peut sembler inutile mais ça permet de faire un test d’une version qui a connu de nombreux patchs peaufinant les graphismes et le gameplay et rajoutant quelques cartes. De plus, un jeu uniquement online s’apprécie sur la durée. C’est en changeant de serveur et en testant encore et toujours les mêmes cartes qu’on finit par trouver des défauts et des qualités. Enfin, ça vous rappellera peut-être que ce jeu existe et l’été on a bien besoin d’un jeu online pas cher quand tous ses potes sont partis en vacances et qu’on ne dispose plus d’un sou vaillant en poche.Premier de la classe
Day Of Defeat Source est donc un FPS se passant durant la seconde guerre mondiale dans lequel deux équipes (américains et allemands) s’affrontent pour capturer 5 drapeaux sur une carte. Les joueurs ont le choix entre 6 classes de personnage et peuvent passer de l’une à l’autre à tout moment : Rifleman, Assaut, Support, Sniper, Machine Gunner et Rocket. Seules les armes de départ différencient les classes. On retrouve les classiques M1 Garand, M1A1 Thompson, Colt 1911, Mauser, BAR, MG 42, MP40... Seules les classes Assaut et Support disposent de grenades simples et la classe Rifleman dispose d’un lance grenade adaptable sur le fusil. La classe Assaut dispose de fumigènes.
Les armes possèdent généralement un deuxième mode de fonctionnement qui permet soit de mieux viser (utilisation de la lunette ou vue « Iron Sight ») soit de passer du mode coup par coup au mode automatique. Les mitrailleuses peuvent se poser par terre ou sur un couvert afin d’obtenir une stabilité diabolique pour fragger à la pelle. Globalement, toutes les classes sont bien équilibrées même si je trouve les mitraillettes un peu trop précises à longue distance et les lance-grenades un peu trop puissants. Les options du serveur permettent de limiter le nombre de joueurs dans chaque classe, ce qui évite de se retrouver à jouer à cache-cache avec une dizaine de snipers.
Ne restez pas dans l’Axe du tir
Le gameplay est un savant mélange d’arcade et de simulation, assez proche de Counter-Strike : on bouge assez vite (l’arme que vous portez affecte votre déplacement) et on crève en quelques balles. Une touche permet de sprinter et une de sauter. Ces deux actions affectent votre jauge de fatigue et on a vite fait de se retrouver essoufflé en plein champ de tir en maudissant le paquet de gitanes sans filtre qu’on vient de s’envoyer. Evidemment, bouger affecte votre capacité à bien viser même si on voit souvent des duels de furieux où deux joueurs se courent après en lâchant un paquet de balles dans le vide. Si vous êtes un habitué de l’ancien Day Of Defeat, vous allez vite retrouver vos marques.
Il faut rarement plus de 3 balles pour dézinguer quelqu’un, les dommages sont localisées et la hitbox est impitoyable. C’est toujours marrant de voir des joueurs avancer couchés en pensant qu’ils sont à couvert parce qu’ils ne voient rien alors qu’il y a un bout de tête ou de jambe qui dépasse. On ne revient pas instantanément après avoir crevé : il faut attendre quelques secondes, rarement plus de 15. Il n’y a pas de véhicule ou de mitrailleuse fixe et on peut dire que Day of Defeat : Source est presque oldschool sur ce point. Pour être bon à ce jeu, il faut savoir garder la tête froide, bien viser et prier pour être dans une bonne équipe.
Game Experience May Change Too Much During Online Play
Sincèrement, Day of Defeat : Source est un excellent jeu online, un des meilleurs selon moi avec Enemy Territory. Tout est question d’équilibre et ce jeu a su trouver le bon : pas trop bourrin ni trop simu, accessible aux novices et possédant une grosse marge de progression, sympa à beaucoup et rigolo à peu, graphiquement joli sans être trop gourmand... Mais on ne s’amuse vraiment que quand les autres joueurs jouent un peu le jeu. Vous n’échapperez pas aux campeurs, aux team-killers, aux abrutis qui lancent des grenades dans la direction où sont partis tous ses équipiers, aux joueurs qui s’y croient un peu trop, aux insultes gratuites, à ceux qui n’ont pas compris que c’était un jeu d’équipe... Néanmoins, on apprend rapidement à éviter les serveurs à problème et parfois on tombe dans des parties d’anthologies avec des assauts coordonnés, une bonne répartition dans les classes, des tactiques basiques mais efficaces et un bon esprit. Il y a toujours plein de monde qui joue et vous trouverez sans problème votre petite place au soleil.
Actuellement, seules 8 cartes officielles sont fournies avec le jeu et la moitié d’entre elles proviennent de l’ancienne version remises au goût du jour. Heureusement, elles sont presque toutes d’excellente facture. Un de leur point fort est leur ouverture : il y a plusieurs chemins pour aller d’un drapeau à l’autre ce qui permet de prendre l’ennemi à revers ou de faire diversion. Cela force les joueurs à être mobiles et ça permet de contourner le gros lourd de service qui s’est planté en face d’un drapeau avec sa MG 42. Chaque carte comporte un drapeau qui doit être pris à deux, ce qui en fait un point chaud constant, transformant les alentours en un no man’s land où pleuvent les grenades. Même si le jeu comporte quelques plaines et des grandes rues, les cartes favorisent nettement le combat urbain sauvage où on se bat jusque dans les maisons.
We need an engineer !
La dernière mise à jour a introduit un nouveau mode de jeu : Detonation accompagné de deux nouvelles cartes. Dans ce dernier mode, on doit ramasser des explosifs et faire sauter des objectifs ennemis comme des batteries de DCA ou des tanks. Une fois la bombe posée, l’ennemi a encore une chance de la désamorcer. Il faut poser deux bombes pour faire sauter un objectif. La première carte, Colmar, n’est pas très réussie car elle est trop bordélique. On passe son temps à faire des allers et retours pour protéger ses objectifs et la trop grande ouverture de la carte fait qu’au final ce sont les petites actions individuelles qui sont favorisées. Jagd est un peu plus sympa car les rôles sont mieux définis : les allemands doivent faire sauter des trucs et les ricains n’ont qu’à les défendre. Ca donne des batailles rangées meurtrières aux alentours des objectifs. Mais esthétiquement, c’est la moins réussie du lot.
C’est dommage car le reste a été très soigné. Les textures sont réussies, les couleurs souvent bien choisies, les modèles 3D et les décors ne sont pas trop carrés et Source oblige, le tout tourne sur une config modeste. Day Of Defeat Source permet d’activer le HDR sans que ça bouffe trop de ressources. Ce mode d’éclairage permet d’avoir une lumière plus naturelle et plus réaliste. Par contre, ça ajoute un handicap : si vous sortez d’une pièce sombre pour vous retrouver en plein soleil, il faut un temps pour s’adapter à la nouvelle lumière et vous allez être ébloui pendant quelques secondes. La dernière mise à jour apporte quelques filtres graphiques qui vieillissent l'image quand vous êtes en mode spectateur, donnant un style "actualités Pathé" totalement inutile mais assez réussi. La partie sonore est impeccable et la communication vocale fonctionne bien sauf quand un joueur crache dans son micro un truc incompréhensible.
Allez-vous apprécier Day Of Defeat Source ? Si vous aimiez le mod pour le premier Half-Life, ce sera surement le cas mais vous aurez l’impression de ne jouer qu’à un remake. Les autres apprécieront sûrement ce mod pour sa simplicité, sa très grande communauté et son faible appétit en ressources système tout en regrettant de devoir payer pour un truc anciennement gratuit et contenant peu de cartes. On pardonne tout ceci à Valve car le produit fini est stable et peaufiné et les rares mises à jour se font avec une transparence étonnante.