PREVIEW
Parkasaurus : C'est long au zoo
Qu'il est doux de se laisser porter par les aléas du destin quand celui-ci nous traite avec bienveillance. Vous connaissez notre professionnalisme proverbial, on ne vous parle habituellement que de jeux que nous avons sélectionnés avec un soin tout particulier. Mais parfois on se laisse surprendre par le hasard, un code débarque à l'improviste dans notre boîte mail et difficile d'y voir autre chose que l'expression de la volonté de puissances supérieures. Si les Parques ont ainsi décidé que nous devions gérer un zoo de dinosaures encore en chantier avec la bêta de Parkasaurus, qui sommes-nous, pauvres mortels, pour remettre en cause leurs plans ?
Je suis certain que mon conseiller Pôle Emploi ne m'aurait jamais proposé de devenir gérant d'un zoo de dinosaures. Pourtant, quand on y réfléchit bien, j'avais toutes les compétences pour exceller dans ce job. Déjà, j'ai une certaine expérience dans la gestion des parcs à thème. Certes, ça date d'il y a un peu moins d'une vingtaine d'années et j'ai du abandonner définitivement le poste après quelques malheureux accidents. Mais est-ce vraiment ma faute si mes attractions et mes manèges devenaient subitement plus amusants lorsqu'ils massacraient les visiteurs ? Et puis après tout, toute expérience est bonne à prendre, on ne va pas reprocher à un grand patron d'avoir dégraissé dans ses précédentes missions, je ne vois pas pourquoi on me tiendrait rigueur pour quelques touristes aplatis... Ensuite vient la question des dinosaures à proprement parler, et là je ne suis pas peu fier de me prévaloir d'une certaine expertise. C'est bien simple, j'ai mangé un nombre incommensurable de Dinosaurus, d'ailleurs j'ai encore quelques autocollants de dinosaures collés ici ou là. Si ça ne vaut pas au moins un doctorat en paléontologie, je ne sais pas ce qu'il vous faut.
Jure assis aux Parques
C'est comme ça que je me suis retrouvé sur un terrain vague avec un œuf de tricératops et 7500 dollars en poche. On m'a bien donné quelques conseils pour lancer mon affaire. J'ai commencé par installer une barrière pour délimiter un petit lopin, puis je l'ai aménagé pour accueillir ma première bestiole. J'ai ainsi appris qu'il y a de base trois types de biome, à chacun d'entre eux correspond une sorte d'herbe bien particulière. Mais il ne suffit pas de coller le gazon adéquat partout, après il faut aussi jouer sur le relief et laisser des petites mares ici ou là pour obtenir précisément l’habitat idéal pour l'espèce qu'on veut y mettre. Je croyais avoir fini, mais mon boulot de paysagiste ne s'arrête pas là, il faut encore ajouter des arbres, des buissons et des cailloux dans une proportion bien déterminée.Bon, le terrain commence à ressembler à quelque chose, j'y pose mon œuf et j'attends. Ah oui, j'allais oublier, il a fallu quand même que j'embauche aussi du petit personnel, je n'allais pas tout faire moi-même. Je me suis dégoté un concierge chargé des réparations et du nettoyage du parc, un véto qui s'occuperait des soins et de nourrir mes pensionnaires et enfin un agent de sécurité muni d'un fusil tranquillisant, au cas où... L'embauche en elle-même n'est pas bien compliquée, j'ai fait défiler des CV avec le salaire demandé, le niveau de la recrue et trois critères un peu obscurs : la vitesse, l'efficacité et la personnalité. Dans le doute, j'ai fait ce que tous les employeurs que je connais font : j'ai pris les candidats les plus rapides et les moins chers, et j'ai évité ceux qui avaient une personnalité trop affirmée. Logique quoi !
Pt'être trop tactile
Le temps de faire quelques achats comme une provision de nourriture, et l’œuf était prêt à éclore. Visiblement il m'attendait et ne pouvait en aucun cas le faire tout seul. De toutes façons, il n'y a pas grand chose qui tourne sans moi dans ce parc, mes employés ne sont même pas foutus d'aller réceptionner les colis journaliers de nourriture eux-même, il faut toujours que je mette la main à la pâte. Revenons à nos tricératops, ce premier pensionnaire grandit mais il fait grise mine. En fait je n'ai pas tout à fait terminé d'aménager son enclot, un truc cloche, et la bestiole se passe les nerfs en défonçant sa barrière. Quand il s'est évadé, il faisait déjà une taille respectable et il a écrasé quelques visiteurs au passage. Mon agent de sécurité le laissait passer pépère et il a fallu que je lui remonte les bretelles pour qu'il utilise finalement son fusil tranquillisant. Étrangement l'incident n'a pas vraiment eu de répercussion sur le nombre de visiteurs, tout juste quelques commentaires agacés à la fin de la journée mais ça n'a pas découragé d'autre badauds de venir.J'ai compris ce qui clochait : le bougre se sentait trop seul et il lui fallait aussi un peu plus d'intimité dans l'enclos. Pour l'aménagement, il m'a suffit d'ajouter quelques herbes hautes où il pourrait se cacher et c'est assez vite rentré dans l'ordre. Pour ce qui est des copains en revanche, c'était une autre paire de manches. J'ai du embaucher un scientifique, lui construire une petite cahute pour qu'il fasse ses trucs de scientifique. Vous saviez d'ailleurs que ces gens là ont si peu de pudeur qu'ils font ça en public, là debout devant les passants ? Et surtout on a monté une expédition pour aller chercher des ossements. Avouez, vous non plus vous ne savez pas comment on fait pour mettre la main sur des œufs de dinosaure, et bien étrangement c'est à la fois plus simple et plus compliqué que vous ne l'imaginez.
Sciences et Passé
Donc pour commencer on ouvre un portail temporel, un peu comme le truc des Goa'uld mais pour aller dans le passé. Une fois ouvert, on se lance dans des recherches. Enfin il doit bien avoir quelqu'un qui fait un truc parce que concrètement nous on attend juste que ça soit terminé. Une fois le site repéré, on sort sa petite pelle et on creuse dans des cases. D'ailleurs faudra m'expliquer pourquoi les scientifiques ont de grosses pelles mais qu'ils ne creusent que quelques fois alors que moi j'ai une toute petite pelle mais que je peux me donner à fond plein de fois. Bref, on en sort principalement des crânes et des empreintes. Ensuite il faut encore acheter des pierres précieuses au marché, puis on va à la boutique d’œufs, on mélange tout ça, on donne un pourboire et pouf ! Une poule pond un œuf de dinosaure.On va être honnête, c'est marrant deux minutes mais c'est quand même ultra laborieux et surtout personne ne s'occupe du parc pendant qu'on fait toute cette petite popote. Bref je finis par me retrouver avec trois bestioles, j'ai agrandi leur enclos, ils ont l'air content, je leur ai même acheté des chapeaux débiles et des terrains de jeu. Je décide de passer à une autre espèce car comme dit le proverbe « Trois tricératops, c'est top ». Alors rebelote, je repars pour faire un autre enclos avec un autre biotope, aller chercher d'autres œufs... Au passage mon parc s'est quand même bien agrandi, j'ai ajouté des commodités, des boutiques et des tas de stands de restauration rapide. Oui parce que visiblement mes visiteurs viennent moins rechercher des dinosaures que de la bouffe et des décorations cheaps.
Un rapt sur l'or
Tout passe si vite, je ne vous ai même pas expliqué comment j'ai fait pour débloquer tous ces nouveaux agréments. En fait mes scientifiques n'en ont pas l'air, mais ils bossent bien et ils me permettent d'engranger des points de science, lesquels vont me permettre de débloquer tout un tas de trucs dans un arbre de progression. C'est un peu la même chose avec mes dinos, le fait qu'ils soient heureux me remplit de cœurs, ce qui va ensuite me donner accès à des infrastructures et surtout à d'autres dinos. Tout ça fonctionne bien, je dirai même que ça fonctionne trop bien au point que j'ai du mal à suivre : je débloque tellement de nouveaux trucs et bidules que je n'ai même plus le temps d'y prêter attention. Vous savez comment les journées filent vite lorsqu'on est occupé, il paraît qu'en personnalisant son parc il y a moyen de faire des pauses pour réfléchir mais étant un homme d'action plutôt versé dans les modes de vie communs, je n'y ai pas droit.De toutes façons, à quoi bon vouloir ralentir la cadence, les finances de mon parc se portent à merveille. Mieux que ça, en disséminant des boîtes à dons un peu partout, et surtout devant les toilettes, je réussis à emmagasiner plus d'argent par jour que je ne pourrai jamais en dépenser. Me voilà riche comme Crésus, preuve que je suis certainement un gestionnaire hors pair, ou alors que la vie d'entrepreneur du divertissement est d'une facilité déconcertante, allez savoir. Mais voilà, j'ai aussi besoin de piquant dans ma vie, et là je dois bien avouer que je m'emmerde un peu. Alors je compte mes sous, je me dis que mon parc sera sans doute bien plus trépidant une fois que tout ceci ne sera plus en chantier et qu'on me proposera des défis... Mais en l'état je vais surtout récupérer ma fortune et aller l’investir dans une autre aventure entrepreneuriale, loin des fans de dinosaures dispendieux.
En l'état Parkasaurus ressemble à un petit jeu bien mignon, pas toujours très bien pensé, mais surtout dans lequel on s'ennuie vite. Peut-être que les défis prévus dans la version finale viendront relever cette sauce qui s'est montrée pour l'instant un peu trop fade à notre goût.