PREVIEW
E3 2018 : Premières inquiétudes à propos de la Smach Z
par CBL,
email @CBL_Factor
On ne parle pas souvent de matos sur Factor mais cela ne nous empêche pas de suivre l'actu et particulièrement les trucs curieux. Les consoles portables utilisant du matos PC et faisant donc tourner les jeux Steam sont devenus une réalité avec la GPD Win et la GPD Win 2 qui commence à arriver dans les mains de ceux qui l'ont pré-commandée. La concurrente de la GPD Win 2 s'appelle la Smach Z et est développée depuis un petit bout de temps. On a été invité pour tester la bête durant l'E3 2018 et on s'est donc rendu dans la chambre d'hotel de Smach Z armé de trois outils essentiels : un appareil photo, un calepin et des questions embarrassantes.
La Smach Z est née dans l'esprit des développeurs espagnols de Mutant Games durant l'annonce des Steam Machines. Ils se sont dit que ce serait cool d'avoir cela dans la poche. Ils ont donc fait un premier Kickstarter fin 2015 qui a été annulé puis un deuxième Kickstarter fin 2016 qui a rapporté près de 500 000 euros. Puis une campagne Indiegogo InDemand qui a rapporté près de 750 000 dollars. Et maintenant on peut précommander la bête sur leur site. L'équipe me précise qu'ils ont aussi reçu du financement privé sans préciser de qui ou combien.Pourtant, ils n'ont pas embauché d'ingénieur spécialisé dans ce type de produit à temps plein. Il faut croire qu'ils n'ont pas joué à Game Dev Story. Smach Inversion (le nom officiel de la société) est basée à Palma de Majorque et compte moins de 10 personnes. L'aspect matériel est sous-traité à une autre société basée à Barcelone. Leur manque de connaissance sur le sujet est inquiétante. Ils sont partis sur une puce AMD, la Ryzen Embedded V1605B. Quand je leur demande pourquoi, ils me lache un vague "le GPU est plus puissant". Je demande des précisions sur le TDP, sur les benchmarks effectués... et je dois me contenter d'un "on attend la version finale". Le partenariat avec AMD est par contre réel et ils seront en principe sur le stand AMD pendant la Gamescom. Il faut savoir qu'AMD ne commencera à produire les Ryzen Embedded V1605B qu'en juillet.
La conséquence est que la Smach Z que j'ai pu tester n'en était pas une. C'était une grosse manette Steam bricolée pour intégrer un écran et le tout était relié à un PC portable. Pour se faire une idée de perf', il y avait aussi un PC bricolé censé utiliser les mêmes composants que la Smach Z. En regardant les informations système, le PC affichait bien "matos prêté par AMD" mais disait que la carte graphique était une puce Vega 11 Mobile et pas une Vega 8. Accessoirement il n'y a pas de problème de refroidissement vu que la puce est à l'air libre et refroidie par un petit ventilo qui devrait être aussi celui de la version finale. La vraie carte mère finale avec la vraie puce se trouvait à côté du faux proto. "Il n'y a plus qu`à la mettre dans la boite" me dit le type de Smach. On notera que dans la boite en question, les aérations se trouvent en haut sur la tranche alors que le ventilo va souffler dans le dos de la console.
L'écran de six pouces affiche du 1920x1080. Il en résulte un dpi élevé qui produit un antialiasing naturel si on joue en résolution native. Sur le PC de test, GTA V, Fortnite et PUBG tournaientt en détails faibles mais le framerate était au poil. On m'explique aussi que comme pour un vrai PC, on pourra changer les composants pour améliorer la bête. Je veux bien les croire pour la RAM et le disque dur mais quand ils me disent qu'on pourra aussi changer la puce je me dis que les choses ne sont pas aussi simples pour de l'embarqué. Pour l'OS, on pourra choisir de prendre Windows 10 en payant la license ou de rester sur Smach OS, une version modifiée d'Arch Linux. Mais pour l'instant cette dernière est aux abonnés absents ce qui fait un peu peur sur l'état de son développement.
Au niveau des controles, comme précisé plus haut, c'est une manette Steam avec de base les deux trackpads, les six gachettes, le stick analogique, les 4 boutons XYAB et la bouton Home. Les gachettes étaient assez rigides et restaient parfois bloquées. L'une d'entre elles est même tombée pendant la démo. Un des trackpad a aussi commencé à déconner et j'avançais tout seul dans Overwatch. Les trackpads et le bouton home comportent des LEDs qui réagissent vaguement en fonction de ce qu'on fait. De base, la Smach Z est plutôt bien équipée en matière d'entrées/sorties avec un port USB-A, un port USB-C, un port micro-USB, un port microSD, une sortie Display Port, une sortie écouteurs et comporte un microphone ainsi qu'une caméra frontale si on prend l'option. Smach Inversion réfléchit à inclure une connectivité LTE mais ce ne sera pas pour tout de suite.
Les composants de la console sont fabriqués un peu partout dans le monde mais l'assemblage final sera fait à Barcelone. Sur le site web de la Smach Z, on peut choisir la quantité de RAM, la taille du SSD et la couleur de la console. La version de base (4 Go de RAM, 64 Go d'espace, Smach OS) est à 630 euros. En passant sur 8 Go/128 Go/Windows 10, on tape dans les 900 euros soit 100 de plus que la GPD Win 2 pour des specs similaires. Smach Inversion prévoit aussi faire un dock à la Switch.
Ils n'ont pas de plan marketing. Quand je leur demande s'ils vont envoyer des exemplaires à la presse et aux Youtubeux, ils répondent qu'ils ne sont pas surs et que ceux qui ont soutenu la console sur KS/IG auront la priorité. Ils pensent que le bouche à oreille fera le reste. Quand je leur demande s'ils ont contacté des studios de jeu histoire de faire des promotions croisées, la réponse est non.
L'équipe de Smach Inversion est fort sympathique et on a envie de croire en la console. Mais tout semble fait tellement à l'arrache et en dépit du bon sens qu'on se demande si la Smach Z va vraiment sortir et dans quel état. A 630 euros la blague, la chute risque de n'être pas drôle.