ACTU
[MàJ]Le Guillemot de la fin
par Nicaulas,
email @nicaulasfactor
Le feuilleton Vivendi/Ubisoft dure depuis un sacré bout de temps, octobre 2015 pour être précis. La guerre ouverte entre Bolloré et Guillemot a connu bien des rebondissements, entre batailles et contre-offensives. Un temps mal en point, avec notamment la perte définitive de Gameloft (qui était indépendant d'Ubisoft, mais propriété d'un des frères Guillemot) la fratrie Guillemot s'est accrochée et a profité des bons résultats d'Ubisoft et de la hausse du cours pour aboutir à un statu quo : Vivendi possédait à peu près 27% du capital, acheté pour 794 millions d'euros, mais augmenter sa part aurait nécessité un investissement encore plus lourd. On pensait alors que Vivendi attendrait patiemment l'augmentation mécanique de ses droits de vote au CA pour avancer ses pions et peser sur la stratégie d'entreprise. Surprise, il n'en est rien : dans des communiqués de presse, Vivendi et Ubisoft ont annoncé qu'un accord entre Vivendi et la famille Guillemot avait été trouvé pour céder la totalité des parts du groupe de Bolloré (environ 30 millions d'actions à 66€ l'unité).
La majeure partie des actions (18 millions) va être revendue à des investisseurs via un placement privé, Ubisoft en rachète 9 millions sous diverses formes, et Guillemot Brothers SE 3 millions. Au total, profitant eux aussi de la hausse du cours, Vivendi va récupérer la coquette somme de 2 milliards d'euros. A supposer qu'ils cherchaient effectivement à prendre le contrôle d'Ubisoft, ils ont désormais tout plein de billets pour sécher leurs larmes suite à l'échec de la manœuvre. Ils précisent également qu'ils n'en ont pas fini avec le jeu vidéo : ils possèdent toujours Gameloft, et semblent avoir l'intention de s'étendre à nouveau. Ca ne sera pas chez Ubisoft, en tous cas pas tout de suite puisqu'ils se sont engagé à ne pas revenir au capital pendant 5 ans.
Quant aux investisseurs privés qui prennent le relais, certains d'entre eux sont déjà connus. Notamment le fond de pension Ontario Teachers' qui est désormais actionnaire à 3,4%, et le tentaculaire chinois Tencent (qui, dans le jeu vidéo, possède entre autres 40% d'Epic et la totalité de Riot Games et de Supercell) entre au capital à hauteur de 5%. Dans son communiqué, Ubisoft précise que Tencent s'est engagé à ne pas transférer ses actions ni augmenter sa part dans Ubisoft (sans préciser la valeur ou les modalités de cet engagement). Et annonce la signature d'un partenariat pour déployer les franchises Ubisoft sur le territoire chinois.
C'est donc bel et bien la fin de la guerre, et le traité de paix semble à première vue être un match nul : Vivendi a réalisé une belle opération boursière en dégageant un profit qu'on aurait eu bien du mal à imaginer en 2015, et la famille Guillemot a gardé la main sur Ubisoft en soignant son image d’Épinal de petit producteur de chez nous, faut protéger les circuits courts ma bonne dame. Reste à savoir si la Chine sera effectivement l'eldorado pour Ubisoft et les frères Guillemot, qui ont du rassembler de grosses sommes pour en arriver là et vont devoir se rembourser, et si Tencent n'est pas le loup venu tâter le terrain et repérer les plans de la bergerie : c'est un mastodonte dont les ressources sont sans commune mesure avec celles de Vivendi. Si un jour ils veulent accélérer la cadence, ils le feront.
Mise à jour : on a eu quelques échos d'une communication interne chez Ubisoft précisant un petit peu les conditions d'entrée de Tencent au capital. Tencent s'est engagé par contrat à ne pas augmenter ses parts, pendant une durée non précisée. Pour rassurer ses employés, Ubisoft évoque également le précédent Activision : Tencent est effectivement au capital de l'américain depuis 2013, avec dans le panier de la mariée un contrat de diffusion des licences Activision sur le territoire chinois. On peut donc supposer que le contrat en question est similaire à celui-ci. Ce qui ne change pas radicalement la conclusion initiale de notre article, notez bien.
La majeure partie des actions (18 millions) va être revendue à des investisseurs via un placement privé, Ubisoft en rachète 9 millions sous diverses formes, et Guillemot Brothers SE 3 millions. Au total, profitant eux aussi de la hausse du cours, Vivendi va récupérer la coquette somme de 2 milliards d'euros. A supposer qu'ils cherchaient effectivement à prendre le contrôle d'Ubisoft, ils ont désormais tout plein de billets pour sécher leurs larmes suite à l'échec de la manœuvre. Ils précisent également qu'ils n'en ont pas fini avec le jeu vidéo : ils possèdent toujours Gameloft, et semblent avoir l'intention de s'étendre à nouveau. Ca ne sera pas chez Ubisoft, en tous cas pas tout de suite puisqu'ils se sont engagé à ne pas revenir au capital pendant 5 ans.
Quant aux investisseurs privés qui prennent le relais, certains d'entre eux sont déjà connus. Notamment le fond de pension Ontario Teachers' qui est désormais actionnaire à 3,4%, et le tentaculaire chinois Tencent (qui, dans le jeu vidéo, possède entre autres 40% d'Epic et la totalité de Riot Games et de Supercell) entre au capital à hauteur de 5%. Dans son communiqué, Ubisoft précise que Tencent s'est engagé à ne pas transférer ses actions ni augmenter sa part dans Ubisoft (sans préciser la valeur ou les modalités de cet engagement). Et annonce la signature d'un partenariat pour déployer les franchises Ubisoft sur le territoire chinois.
C'est donc bel et bien la fin de la guerre, et le traité de paix semble à première vue être un match nul : Vivendi a réalisé une belle opération boursière en dégageant un profit qu'on aurait eu bien du mal à imaginer en 2015, et la famille Guillemot a gardé la main sur Ubisoft en soignant son image d’Épinal de petit producteur de chez nous, faut protéger les circuits courts ma bonne dame. Reste à savoir si la Chine sera effectivement l'eldorado pour Ubisoft et les frères Guillemot, qui ont du rassembler de grosses sommes pour en arriver là et vont devoir se rembourser, et si Tencent n'est pas le loup venu tâter le terrain et repérer les plans de la bergerie : c'est un mastodonte dont les ressources sont sans commune mesure avec celles de Vivendi. Si un jour ils veulent accélérer la cadence, ils le feront.
Mise à jour : on a eu quelques échos d'une communication interne chez Ubisoft précisant un petit peu les conditions d'entrée de Tencent au capital. Tencent s'est engagé par contrat à ne pas augmenter ses parts, pendant une durée non précisée. Pour rassurer ses employés, Ubisoft évoque également le précédent Activision : Tencent est effectivement au capital de l'américain depuis 2013, avec dans le panier de la mariée un contrat de diffusion des licences Activision sur le territoire chinois. On peut donc supposer que le contrat en question est similaire à celui-ci. Ce qui ne change pas radicalement la conclusion initiale de notre article, notez bien.