Need for Speed Hot Pursuit
Le titre de cet épisode, Hot Pursuit, n'est pas anodin puisque ce nouvel opus tire un trait sur les récents épisodes jacky-urbains au profit de ce qui a fait la renommée de la série par le passé : des voitures de luxe lancées à grande vitesse sur de longues pistes avec la police collée à leurs basques. C'est simple et basique, mais après tout c'est comme ça que la série a débuté, et c'est ça que réclamaient les fans depuis des années.
Le jeu se divise donc en deux carrières distinctes : d'un côté la carrière de pilote, de l'autre la carrière de flic. La première vous placera au volant de ce qui se fait de plus beau, de plus puissant et de plus cher à l'heure actuelle, et vous conviera à des épreuves qui iront du time attack à la course classique en passant par le duel, le tout avec ou sans la maréchaussée qui vient jouer les trouble-fête. La carrière de flic quant à elle vous proposera à peu près les mêmes véhicules, mais bien sûr décorés aux couleurs du Seacrest County Police Department, et vous invitera à arrêter les fous furieux lancés dans des rodéos sauvages (et par "arrêter", il faut comprendre "ruiner leurs bagnoles en leur tapant suffisamment au cul à la manière d'un bon vieux Chase H.Q.") ou à vous rendre à un certain point en un certain temps, et sans rayer votre belle auto sous peine de pénalité.
Au cours de ces carrières, vous gagnerez à chaque fin de course des points qui vous feront grimper en niveaux, afin de débloquer de nouvelles classes de véhicules ou de nouvelles capacités spéciales : herses à placer sur la route, brouilleur, turbo, IEM, appel d'hélicoptères ou déploiement de barrages, ces bonus utilisables lors des poursuites permettront de ralentir vos poursuivants si vous êtes pilote ou au contraire de stopper les contrevenants pour leur tendre un joli PV si vous avez embrassé la carrière de membre de la brigade d'intervention rapide. Au bout de quelques temps, quand toutes les "armes" sont disponibles, les courses virent presque au joyeux bordel digne de Mario Kart, avec des herses, des IEM et des turbos qui remplacent les peaux de bananes, les carapaces vertes et les champignons : il faudra disposer de nerfs d'acier et d'un minimum de chance pour arriver à finir certaines courses en un seul morceau.
Car Need for Speed Hot Pursuit est un véritable jeu d'arcade comme on n'en avait pas vu depuis bien longtemps : certes, la présentation se veut très réaliste, et il y a quelques petites subtilités dans la conduite entre les différents véhicules ; mais globalement, on se contente de garder l'accélérateur enfoncé du début à la fin, en tapotant légèrement le frein dans les virages pour partir dans des dérapages surréalistes à faire pleurer les derniers OutRun. Ne cherchez pas par exemple de commandes pour passer manuellement les vitesses, ce genre de fioritures est réservé aux simulations de pointe, type Ridge Racer. Le fait de conduire comme un fou (en roulant à contre-sens, en partant en dérapage ou encore en frôlant les autres véhicules) vous permettra, comme dans Burnout, de remplir une jauge de nitro. Il y a une gestion des dégâts, mais là aussi rien de bien poussé : que vous vous vous vautriez et partiez dans des tonneaux sur plusieurs centaines de mètres, passiez sur une herse acérée ou percutiez un barrage de plein fouet, alors que tout ceci aurait signifié par le passé une arrestation immédiate, n'aura pour conséquence ici que de vous faire perdre quelques secondes et baisser la jauge de vie de votre véhicule, qui une fois à zéro se traduit par une défaite.
Mais Criterion connait son métier, et il faut bien reconnaitre que ce côté très simple et assez bas de plafond est parfaitement réussi. On ne s'ennuie jamais, les courses sont relativement variées, on débloque sans cesse de nouveaux véhicules, et la sensation de vitesse est absolument grisante, surtout si vous jouez en vue capot ou pare-choc : ici, quand le compteur de votre Bugatti Veyron franchit la barre des 400 km/h, vous êtes vraiment collé au fond de votre siège. Si la carte de la zone de jeu n'est finalement pas très étendue, le sentiment de parcourir toujours les mêmes routes ne se fait pas trop sentir, grâce à des environnements exagérément variés (désert, montagne, campagne, route côtière, forêt...), et surtout des conditions climatiques et un cycle jour-nuit qui viennent rompre un peu plus la monotonie. En revanche, on pourra regretter que l'ensemble manque finalement un peu d'ambition : si il est plaisant de débloquer de nouveaux modèles de voitures pratiquement à chaque course, on ne s'attache véritablement à aucune et le fait de connaitre leur prix ne servira qu'à rigoler quand on se dira qu'on vient de planter dans le décor une bagnole à plus d'un million. Sans aller jusqu'au grind systématique d'un Gran Turismo qui vous fait recommencer vingt fois la Sunday Cup à bord d'une Nissan Micra pour pouvoir vous payer une Toyota Yaris, on aurait apprécié de retrouver un système assez similaire à celui de NFS High Stakes, qui proposait une gestion des gains, à dépenser en réparations, améliorations ou achats de nouvelles voitures.
À cette dimension solo vient s'ajouter un mode multijoueur plutôt riche, grâce à l'Autolog, sorte de mini-réseau social intégré au jeu. Rajoutez des amis, comparez vos scores, soyez informés quand un de vos temps est battu, postez des captures d'écran... Rien de tel qu'une petite course contre de vrais humains quand vous en aurez marre de l'IA du jeu, pourtant déjà assez agressive à partir d'un certain niveau, même si on pourra lui reprocher son côté "élastique" un peu trop prononcé : les adversaires vous attendent pour éviter que vous ne soyez trop distancé, ou vous remontent d'une manière assez surréaliste si jamais vous commencez à prendre un peu trop d'avance. Le trafic se montre une nouvelle fois presque inexistant, puisque vous croiserez rarement plus d'une dizaines de véhicules sur une course s'étendant sur vingt kilomètres - sauf peut-être lors des passages sur autoroute, une peu plus chargées afin de vous compliquer le boulot si vous vous amusez à les prendre à contre-sens.
Visuellement, le jeu s'en sort vraiment bien. Les voitures sont magnifiques et les effets des dégâts sont plutôt bien rendus, même si ils restent globalement plus sages que ce qu'on pouvait voir dans Burnout. Les environnements sont variés et également très bien rendus, et s'avèrent encore plus plaisants à l'œil grâce aux divers effets de lumière, lors des courses en fin de journée par exemple, qui débuteront avec un soleil couchant pour se terminer à la nuit. Néanmoins, on pourra leur reprocher un petit manque de folie, que l'on trouvait sur certains tracés de NFS 3 et 4, et surtout de se limiter à des enchainements de grandes lignes droites et de courbes bien larges propices aux dérapages à 200 km/h. En revanche, on pourra critiquer Criterion qui nous livre ici une version PC un peu flemmarde : la jeu est certes plus beau que sur consoles grâce à la montée en résolution (même si vous ne pourrez pas vous en rendre compte sur les screenshots pris avec amour par moi-même qui illustrent ce test, puisque ceux-ci sont bloquées à une résolution de 1280x720), mais souffre par moments de baisses de framerate complètement inexplicables alors que le jeu est la plupart du temps bloqué à 60 FPS, et manque cruellement d'une petite couche d'anti-aliasing. Côté bande-son, c'est un peu plus mitigé : les bruits des moteurs sont globalement bien rendus et les gros V10 que vous ne tarderez pas à piloter solliciteront votre caisson de basse comme il faut, mais les flics à la radio ont tendance à dire un peu toujours la même chose et les diverses musiques, mélangeant rock, électro et hip-hop, sont étonnamment mollassonnes.