Mafia 2
Un pour l'argent
Dans Mafia 2, on incarne Vito Scaletta, fils d'immigrant italien vivant à Empire Bay dans les années 40 (une sorte de mélange entre New-York et Los Angeles) et se faisant du fric en braquant des boutiques avec son pote Joe. Bien évidemment, il finit par se faire choper, mais plutôt que d'aller en taule, l'Oncle Sam l'envoie prendre part à la guerre en Sicile. Blessé au front, il revient à Empire Bay pour trouver sa mère et sa sœur croulant sous les dettes de son père décédé, et devant rembourser une forte somme d'argent dans un délai très court. Vito va alors reprendre contact avec Joe, qui n'a pas perdu son temps et bosse désormais pour des gens peu recommandables mais aux activités fortement lucratives. Peu désireux de suivre les traces de son paternel et de se tuer (littéralement) sur les docks, Vito va donc rejoindre Joe dans les rangs d'une des Familles d'Empire Bay.
Le scénario de Mafia 2 est très classique, mais il est tellement bien mis en scène, notamment au travers de scènes cinématiques de très haute volée et grâce à des dialogues convaincants (surtout en VO, même si la VF n'est vraiment pas honteuse), que l'on se laisse porter par cette histoire riches en trahisons, meurtres, rivalités internes et autres grands classiques des histoires de mafieux. Dommage que la fin soit aussi baclée et décevante, car sinon il n'y avait vraiment rien à reprocher de ce point de vue.
Deux pour le spectacle
La construction de Mafia 2 est assez similaire à celle de son grand frère, dans le sens où vous ne serez jamais réellement libre de vos actions et où vous aurez toujours un objectif à accomplir (même si cet objectif se limite à "allez vous coucher"), contrairement à des GTA-like plus classiques qui vous laissent libre de vous promener une fois la mission bouclée. Bien sûr, vous pourrez toujours trouver le temps de flâner mais il n'y a de toute façon pas grand chose à faire dans Empire Bay, à part admirer la ville elle-même. Celle-ci est en effet remarquablement bien construite et propose de nombreux quartiers et environnements bien distincts : les docks, Chinatown, le centre-ville, les collines de Hillwood, le quartier pavillonnaire... La ville n'est globalement pas très grande mais à part quelques lieux récurrents (comme votre piaule ou l'appartement de Joe), vous passerez rarement beaucoup de temps au même endroit. Si vous n'êtes pas pressé par le temps pour accomplir l'objectif en cours, vous pourrez toujours aller faire les boutiques pour vous constituer une garde-robe, repeindre et customiser vos voitures, acheter des flingues, aller boire un coup dans un bar, ou encore partir à la chasse aux exemplaires de Playboy (avec de vraies photos de Playmates de l'époque) ou aux avis de recherches pour ceux qui aiment bien boucler un jeu à 100%.
Au cours des quinze chapitres qui composent l'aventure, vous serez principalement amené à conduire et à tuer des gens. Les phases de conduite sont moins rébarbatives que dans le premier Mafia, car les voitures sont plus puissantes - surtout dans la deuxième partie du jeu se déroulant au début des 50's. Il faudra cependant toujours veiller à ne pas trop faire le mariolle au volant sous le nez des forces de l'ordre, même si leur degré de tolérance aux infractions semble assez aléatoire : vous pourrez par moment leur rentrer dedans et reprendre votre route comme si de rien n'était, comme vous pourrez vous faire prendre en chasse pour avoir roulé un kilomètre/heure au dessus de la limite. Les flics pourront vouloir vous verbaliser, vous arrêter, ou même tirer à vue. Ils pourront être à la poursuite de vous ou simplement de votre voiture. Contrairement à GTA IV, il ne suffira pas ici de quitter une zone de recherche pour en être débarrassé : si ils sont après vous, il faudra changer de costume ; si ils sont après votre voiture, il faudra changer les plaques ou la repeindre. Vous pourrez aussi leur donner un petit billet lorsqu'ils tenteront de vous arrêter. On pourra toutefois regretter qu'il soit toujours impossible de tirer en conduisant, ce qui permettrait de ne pas se retrouver à se faire canarder au volant sans pouvoir riposter. Cependant, si vous êtes accompagné, vos passagers pourront vider quelques chargeurs sur vos poursuivants.
L'autre gros morceau, ce sont les phases de shoot. Celles-ci reprennent les standards actuels des TPS avec système de couverture, mais elles se révèlent sacrément dynamiques. Vito bouge vite et bien, la visée est précise, et il ne faudra pas espérer survivre plus de quelques secondes si vous vous amusez à courir dans tous les sens sous le feu des balles ennemies. Les armes ont un sacré punch et vous aurez vraiment une impression de puissance quand vous ravagerez le décor et ferez un massacre dans les rangs adverses en envoyant voler les ennemis d'une bonne décharge de fusil à pompe dans le buffet. Le décor est en effet souvent destructible, ce qui est d'une part joli à voir, mais qui a également une incidence sur les zones de couverture, qui ne garderont pas leurs vertus protectrices bien longtemps et vous obligeront donc à vous montrer un minimum mobile. Bref, les phases de shoot sont une véritable réussite et on en vient à regretter d'autant plus qu'elles ne soient pas plus nombreuses. Vito sera également amené à se servir de ses poings de temps en temps, et si ces affrontements à mains nues ne vont pas chercher bien loin, ils se révèlent là aussi plaisants et assez dynamiques, avec coups rapides, coups puissants, parades, contres et même finishing moves. Pour varier les plaisirs, vous aurez de temps en temps droit à de petites phases d'infiltration, pas extraordinaires mais pas désagréables non plus.
Pour enrober tout ça, le jeu se pare d'une réalisation de haute volée. La ville est magnifique et offre des paysages par moments vraiment sublimes (notamment sur les collines de Hillwood), les personnages principaux sont magnifiquement modélisés et animés, les expressions faciales sont incroyables de réalisme, et les jeux de lumières (notamment les phares et éclairages publics la nuit) et les intempéries sont eux aussi particulièrement bien rendus. Il faut d'ailleurs noter que ceux-ci ne sont absolument pas dynamiques mais bel et bien scriptés, ce qui permet là encore de renforcer un peu plus l'ambiance de chaque situation ; le début de l'aventure se fera ainsi dans un Empire Bay recouvert par la neige. Pour accompagner tout ça, on a droit à une chouette bande-son reprenant des titres de l'époque, dont certains entendus dans le premier Back to the Future, ce qui devrait faire frissonner de plaisir le geek nostalgique qui sommeille en vous. On pourra regretter que les radios ne soient qu'au nombre de trois, ce qui est quand même un peu léger et fait qu'on se retrouve à entendre un peu toujours les mêmes morceaux.
Et trois pour le caillou
Le problème de Mafia 2, c'est qu'avec sa ville qui donne le sentiment de pouvoir aller où l'on veut, on a forcément envie de le comparer à d'autres jeux sandbox qui sont sortis récemment : GTA IV, Red Dead Redemption ou encore Just Cause 2. Et bien sûr, la comparaison n'est pas vraiment à l'avantage du jeu de 2K Czech. La ville n'est finalement pas très grande et surtout il n'y a pas grand chose à y faire sorti des missions scénarisées. Mais au final cette comparaison n'a pas lieu d'être : après tout, ce n'est pas pour rien que le joueur a en permanence un objectif clairement défini. Comme son glorieux ancêtre, sous ses faux-airs de GTA-like, Mafia 2 n'est finalement qu'un simple TPS scénarisé et scripté du début à la fin comme on en voit tant, mais contrairement aux autres jeux du genre, il se déroule dans un environnement vaste et ouvert plutôt que dans des couloirs bloquant toute possibilité d'exploration.
Le jeu souffre néanmoins de véritables défauts, à commencer par des soucis de finition. Je n'ai pas eu de problème au niveau des scripts en revanche j'ai arrêté de compter le nombre de fois que le jeu a planté et m'a jeté comme un malpropre sur le bureau Windows. On pourra aussi regretter des animations parfois franchement rigides (notamment lorsqu'on monte ou descend un escalier), que GTA IV avait su éviter grâce à l'emploi du moteur Euphoria mais qui se traduisait également par une certaine lourdeur des déplacements, heureusement absente ici. Si les personnages principaux sont merveilleusement modélisés, les modèles génériques n'ont en revanche pas eu droit au même soin et sont surtout bien trop peu nombreux, donnant la désagréable impression de se balader au milieu d'une ville de clones ; on frôlera ainsi le ridicule quand une mission vous enverra visiter toutes les stations essence de la ville où vous trouverez dans chacune le même pompiste.