TEST
Unreal Tournament 3
par CBL,
email @CBL_Factor
Nintendo ou Sega ? Starcraft ou Total Annihilation ? Les joueurs aiment bien appartenir à un clan et taper sur celui des autres même sans la moindre raison valable. Fin 1999 début 2000, le débat portait sur les shoots multi du moment : Quake 3 ou Unreal Tournament ? On aimait l’un pour sa frénésie et l’autre pour sa multitude de modes de jeu. 8 ans plus tard, il n’y a pas vraiment de vainqueur. Les quakers continuent de jouer à Quake 3 mais ont boudé Quake IV tandis que la majeure partie de la communauté UT a migré sur la version 2004 même si la version de 99 reste dans le top 20 des FPS les plus joués en ligne. Depuis, de nombreux ténors se sont imposés : Battlefield, Enemy Territory ... Unreal Tournament 3 arrivera-t-il à égaler ses prédécesseurs et séduire ses fans ?
Unreal Tournament. En deux mots, je replonge 8 ans en arrière. Ma config vieillissante (166MMX et 3dfx 1) peine à faire tourner la dernière production d’Epic en 512 X 384. Je dois attendre 7 mois afin d’engloutir la première paye de mon premier job dans une bête de course équipée d’une GeForce 256. Mais je m’éclate comme un fou à fragger des bots plutôt que des humains pour éviter que le paternel pète un plomb devant la facture téléphonique. Les insultes résonnent alors que je campe en haut de la tour avec mon sniper en alignant les TIRS A LA TETE.Petite partie entre bots
2007. Je configure vite fait quelques options et balance la campagne solo. Semi-déception : c’est encore une suite de matches en équipe contre les bots, une sorte de gros tuto afin de mieux connaître les cartes. Par contre, elle est entièrement jouable en coop, de 2 à 4 selon les matches. On fait la majeure partie des matches en infériorité numérique et souvent avec des contraintes comme des véhicules en moins par rapport aux versions normales des cartes. Ca donne un peu de challenge et ceux qui trouvent cela trop dur peuvent baisser la difficulté ou utiliser des cartes qu’on gagne au cours des matches et qui donnent de gros bonus comme deux bots supplémentaires dans son équipe. Je parle juste de semi-déception car je me suis beaucoup amusé durant cette campagne solo. On découvre les maps à la cool sans avoir à affronter une horde de joueurs furieusement doués, on se fait plaisir à tester les véhicules et à tenter des trucs idiots dans les cartes et on a l’impression d’être doué en faisant quelques jolis frags. En plus l’IA des bots est toujours aussi bonne et le scénario … a le mérite d’exister.
Question scénario, je m’étais arrêté à celui d’UT 99 (le premier UT) avec la Liandri, une grosse société minière, qui organise des tournois afin que les mineurs s’amusent un peu. Dans Unreal Tournament 3, une race alien, les Necris, viennent mettre le boxon dans tout cela en détruisant des colonies minières. La guerre est déclarée. On apprend tout cela au cours de cinématiques (qui ne sont pas en temps réel) et des briefings d’avant match, le tout blindé de clichés (le héros qui sort d’une pub L’Oréal, la brune sadique à gros seins…) et doublé en VF avec le forfait « grosse voix » (on reconnaît celle qui double le Colonel Sawyer dans World in Conflict). Le doublage VF est aussi énorme que dans UT99 avec des bots qui balancent des « FILS DE PUTE ! » ou des réflexions philosophiques genre « la mort ça fait mal ». L’éternelle grosse voix qui annonce les TIRS A LA TETE et autres MEGATUERIE a été heureusement conservée. Le must reste qu’Epic a essayé de donner une justification au fait qu’on respawne et qu’on capture des drapeaux.
Un jeu de cartes
D’un autre côté, on n’attend pas d’un UT de la grande littérature mais plutôt un excellent gameplay et des cartes de folie. Sur ce dernier point, UT 3 donne à tous les autres shoots du moment une leçon d’architecture et de level design. Parmi la quarantaine (!) de cartes, on retrouve quelques cartes classiques des épisodes précédents refaites de manière splendide (mais DM-Morpheus a disparu...) et pas mal de nouvelles. A chaque fois, je suis resté baba devant la beauté froide des décors, le design général des cartes et la masse de détails présents. On se promène dans des forêts de baobabs et de vertes vallées, on affronte des Nécris dans une sorte de Kremlin gothique, on admire l’immense machinerie d’un appareil minier Liandri et on se frague joyeusement dans la brume apaisante qui flotte dans les décors à dominante asiatique. Loin d'être plates, les cartes sont vallonées, tortueuses, à plusieurs étages... En plus elles sont conçues de telle sorte que le débutant s’y retrouvera vite mais qu’il faudra y passer du temps pour en découvrir les subtilités, les passages cachés et les endroits où utiliser au mieux le double-saut et le téléporteur.
Niveau gameplay et armes, on se situe à mi-chemin entre UT99 et UT 2004 même si le feeling général est plus proche d'UT99. L’adrénaline a disparu, le double saut est toujours là, l’enforcer est revenu et le minigun envoie désormais des grosses boulettes via son tir secondaire. UT3 conserve un gameplay particulièrement old school et très nerveux où l’esquive règne en maître. Même si le lance-roquettes (version UT2004) et le flak cannon dominent les parties, les autres armes sont toujours aussi jouissives : le shock combo fait très mal, le fusil de snipe a retrouvé ses lettres de noblesse et le rédempteur (lance-missiles nucléaires portatif) fait son petit effet. Les différentes parties d’armure font leur grand retour et la chasse à la ceinture-bouclier est ouverte. Le mode Berserk (double la cadence de tir) n’est évidemment plus disponible en utilisant l’adrénaline mais de la même manière que l’Udamage, via un bonus qu’on ramasse.
Unreal Championcheap
Le gros point faible d’UT 3 se situe dans les modes de jeu. Oubliez Domination, Assaut et Bombe de Balle et dites bonjour à Guerre (Warfare). Le mode Guerre est une version améliorée du mode Attaque (Onslaught) d’UT 2004. Dans des cartes généralement de grande taille, on s’affronte à pieds et à bord de véhicules. Le but est de détruire le core ennemi. Pour cela, il faut capturer les nodes principaux. Les nodes secondaires servent à avoir des véhicules supplémentaires ou à infliger des dommages au core ennemi même quand il est protégé. Pour capturer un node, il faut passer dessus et le construire avec le link gun. UT 3 ajoute les sphères. Elles apparaissent à intervalles réguliers et on les porte comme des drapeaux. Si on passe avec une sphère sur un node, on le capture automatiquement. Si on reste à côté d’un node capturé avec une sphère, le node sera automatiquement régénéré s’il est attaqué. Ces sphères ajoutent énormément à la dynamique de ce mode de jeu et obligent à ne pas compter uniquement sur les véhicules car il faut être à pied pour porter ces sphères.
Le mode vieillissant Capture de Drapeaux connaît un regain d’intérêt grâce à l’ajout des véhicules, les mêmes qu’en Guerre. UT3 reprend les véhicules d’UT 2004 (le tank, le landspeeder, le buggy, la grosse jeep, les avions…) et ajoute de nouveaux véhicules Nécris vraiment excellents. Outre le DarkWalker, un immense tripod ambiance Guerre Des Mondes très lent mais équipé d’un double laser ravageur, on trouve une sorte d’araignée-moto qui peut se mettre en boule pour écraser les autres et un tank qui peut déployer sa tête pour dominer la mêlée. Mais surtout, les modes Guerre et VCTF permettent au joueur de monter à tout instant sur un hoverboard afin de se prendre pour Michael J. Fox dans Retour Vers le Futur 2, avec les mêmes contraintes (« Ca ne marche pas sur l’eau ! »). Ce skate volant permet de foncer à travers les cartes quand on n’a pas de véhicule. On ne peut pas tirer et le moindre coup pris envoie le joueur au tapis mais on peut trimbaler les sphères et les drapeaux. Mieux : on peut s’accrocher à la majorité des véhicules, même les volants. Rien de tel qu’un petit débarquement surprise dans la base ennemie pour retourner la situation. Les sensations sont excellentes et on peut sauter afin par exemple de prendre quelques raccourcis.
L'UE 3 ronronne
Je trouve le jeu vraiment splendide. Ce n’est pas une claque à la Crysis mais il tourne entre 30 (pour les grosses cartes de Guerre) et 60 fps (pour celles de match à mort) et a son charme. Il n’est pas si proche de Gears of War qu’on ne le pense (ça dépend beaucoup des cartes) et la palanquée d’effets (bloom, blur, la teinte bleue générale…) est désactivable. La grosse déception se situe au niveau de la musique, totalement impersonnelle. On sent que le jeu est sorti un peu dans la précipitation : l'interface n'est pas ce qui se fait de mieux et le ping des serveurs est anormalement élevé mais le jeu n'est pas bugué pour autant. Comme toujours le jeu est vendu avec l’Unreal Editor ce qui permettrait aux fanas de mods de se lâcher et de finir le boulot en ajoutant les modes de jeu qu’Epic a zappés. A l’heure actuelle, il n’y a pas beaucoup de monde qui joue, ce qui n’est pas rassurant pour l’avenir de la communauté, mais attendons de voir. En parlant de communauté, UT3 intègre comme ses petits copains une gestion de la liste d'amis afin de les rejoindre ou de savoir quand ils se connectent.
Unreal Tournament 3 est bien plus qu’un gros ravalement de façade d’UT 2004 à base d’UE3. Certes ce n'est pas révolutionnaire, on regrette que le jeu soit moins fourni en modes de jeu qu’avant et que la campagne solo soit encore une suite de matches contre des bots. Mais pour ceux qui aimaient les précédents, les quelques nouveautés suffisent à relancer la machine et à fraguer des heures durant dans des décors somptueux qui ne nécessitent pas une carte graphique toute dernière génération pour afficher leur beauté. Si vous n’avez jamais joué à un UT et que vous découvrez la série avec cet opus, je vous envie. Très loin des shoots mous et/ou compliqués, UT3 est brutal, direct et diablement fun.