Victi
Bon alors, ça, c'est ce qu'on pouvait dire sur Victi sans fâcher personne. Et alors maintenant...
Victi part d'une bonne idée : un jeu d'aventure arty, avec des graphismes conceptuels et une histoire suffisamment originale pour être à la limite du totalement abstrus, un truc de ouf qui vous ferait réfléchir comme un guedin. Seulement, ça ne marche pas une seconde. Tout dans Victi fleure bon l'amateurisme, et pour un jeu payé 13 € (autant que Bone: The Great Cow Race !), ça fait mal. Les premiers contacts sont désagréables : la cinématique d'intro ? C'est tout simplement le trailer promotionnel diffusé sur le net ; le menu est peu ergonomique ; l'interface in-game souffre du même défaut que bien d'autres petites productions du genre, avec ses zones de click bien trop précises et pas toujours bien choisies.
Victime de la mode
Et surtout, on a beau dire que c'est conceptuel, que c'est un choix graphique, tout ça... ben putain, c'est laid. Le noir & blanc aurait été un bon choix s'il y avait une réelle direction artistique derrière, mais là, il n'y a aucun style et ça donne plutôt l'impression d'être un cache-misère. D'ailleurs, vue la petite taille de la devteam, on se demande si le choix du noir & blanc, plus qu'un choix artistique, n'est pas tout simplement une décision réaliste permettant de sortir un jeu sans trop se soucier de la création de textures.
Le résultat, c'est que ça ne donne tout simplement pas envie de jouer. Et à vrai dire, ni les graphismes, ni l'histoire n'encouragent un seul moment le joueur à poursuivre son aventure. L'histoire se résume à un méli-mélo absurde, à base de drame familial et philosophique dans un univers inconnu. Le personnage principal ? un héros qui soliloque et surjoue (mal) avec un pathos énorme dans une langue incompréhensible (quel besoin d'enregistrer des voix si c'est pour qu'elles ne servent à rien ?), en plus de vous faire entendre en permanence sa respiration rauque. Le méchant ? c'est le Mal (oui, « le Mal », c'est comme ça). Notez que l'on développe rapidement une certaine haine envers le héros, qui grâce au pathfinding magique réussira parfois à se perdre dans un mur ou n'arrivera pas à passer une porte grande ouverte.
Une balle dans la tête
Et au cas où vous auriez quand même réussi à vous intéresser à ce bazar laid, incompréhensible et ne souhaitant visiblement pas être aimé, sachez que sur sa petite poignée d'heures de jeu, le jeu vous réserve la possibilité de mourir à quatre ou cinq occasions. Oui, comme ça, sans vraiment de raison valable, juste pour vous dégoûter encore un peu plus. Ah, et puis bien sûr, il est impossible de sauvegarder quand on veut.
Bon, soyons honnêtes, nous, on a tenu une demi-heure. Les morts, l'histoire imbitable, tout ça, on l'a vu en regardant les cinématiques présentes dans le répertoire d'installation du jeu. Parce que là, après 30 minutes, on songeait sérieusement au suicide. Et on vous raconte pas l'épreuve que c'était quand il a fallu relancer le jeu pour prendre des screenshots.