The Chronicles of Riddick : Escape from Butcher Bay
Attention : article sans supers jeux de mots sur Vin Diesel
Commençons par un petit historique du personnage de Riddick, apparu pour la première fois en 2000 dans Pitch Black, petit film de SF horrifique sans prétention mais rigolo et plutôt original. Vin Diesel y incarne Richard B. Riddick, une vraie ordure affreusement antipathique, individualiste et ultra-violente, mais dotée d'un pouvoir assez spécial sur lequel ses compagnons d'infortune vont malheureusement (pour eux) devoir compter pour se sortir en vie de la planète infestée d'aliens sur laquelle ils ont échoué. Suite au succès rencontré par le film, il est venu à l'idée de l'acteur de développer un véritable univers autour de Riddick. Une suite (The Chronicles of Riddick) a donc vu le jour l'été dernier, ainsi qu'un petit film d'animation (Dark Fury), situé chronologiquement entre les deux longs métrages. Quant au jeu qui nous intéresse aujourd'hui, il s'agit d'une préquelle à Pitch Black. Voilà pour le contexte.
Pour ce qui est du scénario du jeu, il prend donc place avant les événements de Pitch Black. Riddick a été capturé par Johns, le chasseur de primes interprété par Cole Hauser dans le film, et se retrouve transféré à Butcher Bay, une prison de haute sécurité à côté de laquelle Alcatraz ferait figure de Disneyland galactique. Riddick supportant assez mal le milieu carcéral et les ramassages de savonnettes sous la douche, notre chauve musculeux va donc tout mettre en oeuvre pour s'évader le plus rapidement possible de cette taule.
Un moteur qui monte haut dans les tours
Bien évidemment, la première chose qui frappe lorsqu'on lance TCoR:EfBB-DC (parce qu'on s'en lasse un peu en fait), ce sont bien évidemment les superbes graphismes du jeu, tout simplement au niveau d'un Doom III pour ce qui est de la technique pure et dure : models de persos normal-mappés à outrance, éclairages dynamiques de partout et, petit plus par rapport au bébé de Carmack, des soft shadows qui vont bien si vous avez la carte graphique de nanti nécessaire.
Bien sûr, un bon moteur ne fait pas tout, et il faut reconnaître que les artistes ont su exploiter cette débauche de technologie à la perfection : les superbes personnages semblent vivants, ceci autant grâce à leur modélisation qu'à leurs animations, et les décors, tout en tons ocres/rouille/crado, sont vraiment très détaillés et très bien architecturés. L'ambiance prison du futur est ainsi presque palpable, d'autant plus qu'aucun hud ne vient empiéter sur l'écran : les munitions restantes se lisent directement sur les armes, et les quelques petits carrés blancs symbolisant la barre de vie n'apparaissent que lors des combats. Cerise sur le gâteau, Vin Diesel et Cole Hauser ont prêté leurs traits et leur organe (vocal, évidemment) au jeu : la ressemblance est réellement frappante et ajoute encore à l'atmosphère. Dans cette débauche visuelle, seules les textures un peu baveuses feront parfois un peu tache, et encore. Enfin, les joueurs lassés de diriger une caméra flottante dans les FPS seront ravis d'apprendre que l'on peut voir ses pieds et ses épaules, et ça, c'est vraiment un signe qui ne trompe pas quant à la qualité du jeu.
Un gameplay sans plomb
Contrairement à ce que certains aigris reprochent à Doom III, TCoR:EfBB-DC n'oublie pas de proposer un gameplay digne de ce nom riche en petites originalités. Ainsi, et c'est plutôt pas banal pour un jeu catalogué FPS, les phases de shoot sont au final assez rares. Riddick est dans une prison, et dans le futur comme aujourd'hui, le port d'arme par les détenus n'est pas autorisé. De plus, les flingues des matons sont protégés par un vérificateur d'ADN, et si un quidam non-connu de la base de données de Butcher Bay s'enhardissait à vouloir prendre en main une pétoire, une décharge électrique capable d'assommer un taureau le rappellerait bien vite à l'ordre. Riddick va donc devoir dans la plupart des cas se servir de la seule arme qu'il possèdera en permanence au sein de la prison : ses poings. Les combats à mains nues sont en effet légion, et s'avèrent simples mais efficaces : clic gauche plus une direction pour frapper, clic droit pour parer, et en avant la musique. Toutefois, notre anti-héros mettra bien vite la main sur des armes blanches plus ou moins artisanales, comme des tournevis, des scalpels, et autres bouts de ferraille contondants, bien utiles pour en découdre avec la racaille résidant à Butcher Bay.
Celà dit, les armes à feu ne sont pas non plus complètement absentes, et Riddick arrivera bien vite à feinter le système de sécurité. S'en suivront alors moult carnages au sein de la matonnerie, ou contre d'autres ennemis un peu plus undergrounds (et à poil) ou alienoïdes. Plutôt amusantes, ces phases de de tir s'avèrent bien dynamiques, du fait de la faible résistance de Riddick (eh, un débardeur noir, c'est pas aussi résistant que du kevlar) et de l'aggressivité des gardes de la prison. Aggressivité malheureusement entachée par une IA parfois assez légère qui vous perdra de vue dès que vous quittez la pièce. Dommage, mais pas dramatique non plus. Quelques phases de bourrinage pur et dur, aux commandes de robots armés pratiquement indestructibles viendront ponctuer le jeu en faisant office de défouloir bienvenu.
Les phases armées sont cependant peu nombreuses, et ne s'avèrent pas être les plus amusantes. Il est bien plus jouissif d'éteindre toutes les lumières, de se faufiler dans l'ombre en y voyant comme en plein jour grâce au pouvoir de vision nocturne que Riddick récupère en cours d'aventure, et de briser discrètement la nuque du malheureux garde apeuré. Si l'approche discrète venait à échouer, n'hésitez pas à rusher sur le garde et à retourner son flingue contre lui pour repeindre les murs au jus de cervelle, assorti du petit bruit flasque qui va bien.
D'autres phases davantage axées "aventure" s'insèrent également dans le jeu. Elles consistent à discuter avec certains taulards ou matons, et à accomplir quelques missions pour eux, en échange d'armes, de fric ou de paquets de cigarettes (ces derniers débloquant des bonus comme des artworks ou un making-of). Si certaines sont facultatives, la plupart feront en revanche avancer le scénario.
Un petit goût de bouchon
Après cette avalanche d'éloges, il est temps de passer aux critiques. Enfin, à LA critique, plutôt : la durée de vie. Défaut de plus en plus récurrent, TCoR:EfBB-DC ne vous tiendra en haleine que durant sept ou huit heures grand maximum. Des heures certes bien remplies et variées, mais cette variété fait qu'on ne s'ennuie jamais, et le jeu semble du coup encore plus court. De plus, aucun mode multijoueurs n'étant disponible, il ne faudra pas non plus compter augmenter la durée de vie de ce côté-là. Terminer l'aventure une première fois débloquera un mode "commentaire", permettant de la rejouer en découvrant de-ci de-là des indications sur le développement du jeu ou des petites anecdotes de la part des développeurs. Une bien bonne initiative, déjà présente sur de nombreux films en DVD, et que l'on aimerait retrouver plus souvent dans les jeux.