Halo
Un peu d’histoire
Microsoft prit de gros risques à l’époque : miser sur un FPS pour son titre phare lors du lancement de sa toute première console, d’emblée descendue par la critique et les préjugés de beaucoup de joueurs (dus à la réputation plutôt mauvaise du géant américain) ; il fallait oser, pourtant Bungie l’a fait. Prévu à la base sur PC et Mac, Bungie fit sensation dès les premières présentations de son jeu qui s’annonçait révolutionnaire. Certains problèmes financiers ont fait que Microsoft racheta la société et qu’en voyant le potentiel du soft, ils décidèrent d’en faire un titre exclusif pour sa console qui devait sortir 2 ans plus tard. Le pari fut amplement réussi lors de sa sortie, Halo révolutionna tout bonnement et simplement les FPS sur console, détrônant ainsi les grands noms comme Golden Eye ou Perfect Dark. S’il ne respecta pas toutes les ambitions annoncées comme par exemple le fait qu’il n’existe aucun chargement visible durant le jeu, ou que la liberté d’action soit totale ; Bungie sut reprendre tous les éléments forts des autres jeux du genre, innover dans beaucoup de domaines, et surtout réussir pour la première fois une excellente transposition du shoot en vue subjective au pad, genre traditionnellement réservé au duo clavier/souris.
Retour sur la version Xbox
Graphiquement, la claque en a traumatisé plus d’un : bump mapping à foison, distance d’affichage impressionnante et un anti aliasing enfin maîtrisé correctement, ont fait de ce jeu la référence technique des jeux sur Xbox. Le son était aussi un atout majeur ; exploitant pleinement les capacités Dolby Surround de la console, avec des musiques excellemment bien choisies selon les diverses situations, et des voix pour une fois exemplaires ; on en prenait plein les oreilles et on en redemandait…
Le gameplay est sans aucun doute le point le plus important du soft, et l’équipe a su fignoler ce point du mieux qu’elle a pu. Afin de donner un côté bien plus réaliste, il n’est plus possible de porter une dizaine d’arme comme à l’accoutumée, vous êtes limité à une arme de chaque classe : un pistolet, une arme à 2 mains et des grenades. Cela implique un choix stratégique dépendant de vos préférences mais surtout des situations dans lesquelles vous vous trouverez. Vous disposez de 2 types de grenades : les grenades covenants qui ont la particularité de coller à l’adversaire qu’elles touchent et les grenades des marines plus classiques qui exploseront quelques instants après avoir été lancées. Chacune a son utilité propre, les grenades covenants sont par exemple très utiles pour éliminer les Elites ou les Hunters (les covenants les plus coriaces) car si vous réussissez à leur coller une grenade à plasma sur le dos, ils n’auront plus d’autre choix que de mourir dans un brasier de plasma. L’autre type, les grenades M9 HE-DP servent plus à faire le ménage lorsque qu’un agglomérat d’ennemis vous barre la route. Comme pour les grenades, vous pourrez choisir au fil de votre aventure entre les armes covenants (fusil à plasma, pistolet à plasma, needler, etc. …) et les armes terriennes (fusil d’assaut, fusil à pompe, sniper, etc. …). Si elles ne brillent pas par leur nombre, chacune est spécialisée dans un domaine bien particulier. En effet, toutes ces armes vous seront utiles au long de l’aventure, et aucune ne sera désuète, passé les premiers niveaux comme l’on voit trop souvent dans les FPS. Cet équilibre donne une dimension supplémentaire lors des parties multijoueur où le rush sur l’arme « de la mort qui tue » n’est plus nécessaire si l’on sait maîtriser chaque arme comme il se doit.
L’IA fut aussi une grande innovation lors de la sortie Xbox de Halo. Pour la première fois les ennemis ne vous attaquent pas tête baissée, misant uniquement sur leur nombre. Ils travaillent en équipe, se cachent, vous tendent des guet-apens et surtout ils réagissent différemment selon leur hiérarchie dans la classe. Il existe donc quatre classes de Covenants (votre principal ennemi durant le jeu) : les Grunts, les Jackals, les Elites et les Hunters. Vous verrez assez peu ce dernier ennemi redoutable, en revanche parmi les Grunts, Jackals et Elites vous remarquerez que certains sont de différentes couleurs. Par exemple pour les Grunts : les jaunes sont en bas de la hiérarchie, ils sont froussards, peu intelligents et tirent mal à l’inverse des rouges qui font autorité sur eux et qui maîtrisent bien mieux l’art de la guerre. Les ennemis réagiront donc différemment selon leur classe mais aussi leur rang. Si vous collez une grenade à plasma sur un Grunts jaune, il y a de forte chance pour qu’il se dirige stupidement vers ses camarades en priant leur aide pour finalement les tuer tous en même temps. Si cela prête au début à sourire, c’est un nouvel aspect stratégique qui s’ajoute au jeu durant l’aventure solo. Agissez différemment selon votre ennemi et vous décuplerez votre efficacité. Enfin, dernier point sur les ennemis : leurs réactions (qui sont étrangement dans la même langue que vous) sont bien souvent à mourir de rire, ce qui, sans tomber dans le burlesque, apporte une petite touche d’humour toujours de bon goût.
Halo a beaucoup de qualités, et son scénario en fait partie. S’il n’est pas extraordinaire, il a le mérite de vraiment exister, d’être cohérent et motivant. Vous alternerez les phases de shoot en intérieur et extérieur de façon assez homogène ce qui est du jamais vu dans ce type de jeu, privilégiant souvent un type plutôt qu’un autre. Les nombreux rebondissements de l’histoire donnent lieu à des situations aussi variées qu’intéressantes comme un débarquement sur une île tout bonnement jouissif, des traques collectives de covenants dans une forêt tropicale, ou un combat de chars d’assauts dans une vallée enneigée. Vous l’aurez compris, Halo ne vous laissera aucun répit, et si on pourra regretter sa durée de vie un tantinet trop courte, elle est largement compensée par une très bonne rejouabilité tellement les tactiques offensives sont variées et grâce au level design digne des plus grands jeux du genre.
Enfin, le dernier atout de Halo sur Xbox qui enterra définitivement la concurrence, est son mode multijoueur quasi parfait reposant sur les bases de la campagne solo. On notera tout d’abord le mode coopératif vraiment excellent qui, même s’il rend beaucoup plus facile le jeu, donne lieu à des stratégies en binôme nouvelles et complexes. Les autres modes sont classiques mais efficaces : Deathmatch, Free for All, Capture the Flag, Maître de la zone, Crâne (celui qui détient le plus longtemps le crâne), etc. … bref le nombre de modes est impressionnant et chaque partie peut être totalement paramétrée. Ajoutez à cela une réelle dimension stratégique surtout dans les parties CTF grâce à la présence des véhicules présents dans le mode solo (jeep, tank, banshee, ghost, etc. …) et vous obtenez un nouveau jeu de compétition qui a su aisément faire ses preuves. On regrettera tout de même la nullité extrême de certaines cartes (contrairement à d’autres qui sont très travaillées) et l’absence de bots qui aurait pu être très pratique pour s’entraîner en solo, rallongeant ainsi considérablement la durée de vie à l’instar d’un Perfect Dark.
Portage raté
Après cette description de la version Xbox, on doit maintenant s’interroger sur cette fameuse version PC attendue par beaucoup de fans. Le bébé a été confié à Gearbox, un studio satellite de Microsoft, Bungie s’occupant actuellement du très attendu Halo 2 (élu meilleur jeu console du salon de l’E3 2003). Autant vous le dire tout de suite, ce n’est pas bien glorieux, à commencer par les graphismes. Si la profondeur du champ est toujours aussi impressionnante, rien n’a changé mis à part quelques effets de particules bidons et une résolution heureusement supérieure. Mais le pire dans l’histoire, c’est que le moteur est poussif et qu’il rame même sur de grosse configuration dans des résolutions pourtant tout à fait raisonnables. Scandaleux ? Oui, cela montre bien l’incompétence des développeurs après près de 2 ans de travail pour le portage d’un jeu censé être facilité par les architectures et les Api relativement proches des deux supports ; mais le problème se trouve ailleurs…
Le plus gros défaut de cette version PC est bel et bien son gameplay qui n’a pas évolué d’un iota. Et on se demande bien pourquoi car si le jeu excellait sur Xbox, les sensations sont tout autres avec un clavier et une souris. Il aurait dû par conséquent être modifié en conséquence. Gearbox ne s’est même pas donner la peine d’accélérer la vitesse de jeu beaucoup trop lente pour un FPS PC, et n’a pas su adapter le level design de certaines maps ni le niveau du jeu beaucoup trop faible. Je vous conseille donc de maître le jeu tout de suite en légendaire ou difficile tellement le mode normal est facile, cela rallongera la durée de vie et vous obligera à user des nombreuses subtilités du jeu.
La version multijoueur a tout de même eu le droit à quelques petites nouveautés. A commencer par une augmentation sensible du nombre de maps qui faisait un peu défaut dans la version Xbox. Certaines sont tactiquement assez intéressantes, en particulier celles spécialement dédiées aux Capture the Flag dans un canyon (Canyon des dangers), ou « Exploitation forestière » qui peut donner lieu à des combats de snipe intéressants. Ceci mis à part, on se demande bien ce qu’ils ont bien pu foutre durant 2 ans à part jouer au baby-foot ou à Halo sur Xbox car il n’y a pas grand chose d’autre de concret. On trouvera bien évidemment quelques autres nouvelles maps qui sont bien souvent des reprises de passages de l’aventure solo (par exemple Géphyrophobie), la présence d’une nouvelle jeep équipée d’un lance-rocket ou encore deux nouvelles armes complètement inutiles pour le multijoueur : un lance flamme et un lance-rocket à plasma, mais n’en cherchez pas plus, même la boîte du jeu est identique. Des nouveautés bien faiblardes et surtout bien inutiles donc, Gearbox aurait dû se concentrer à améliorer pleinement le mode multi en ajoutant par exemple des bots configurables et surtout bosser davantage sur le moteur 3D afin de lui apporter de sérieuses optimisations.